Château de Purnon
Dominant un parc vallonné aux lisières de la forêt de Scévolles, le château de Purnon est l’un de ces lieux dont on retient d’abord la silhouette : un grand corps de logis « à la française », coiffé de toitures bombées et encadré de deux pavillons, relié à des communs qui dessinent une cour de service spectaculaire. Longtemps resté en dehors des circuits touristiques, le domaine a pourtant traversé les siècles presque intact, comme si l’histoire lui avait épargné les remaniements radicaux.
Cette conservation exceptionnelle explique sans doute l’émotion que suscite aujourd’hui sa renaissance : après des décennies de péril (charpentes fragilisées, couvertures en ardoise à bout de souffle, maçonneries humiliées par l’eau), une vaste campagne de restauration a été lancée avec l’État et la Fondation du patrimoine. Dans ce mouvement, un récit s’est imposé — Château Reawakening — qui raconte, images à l’appui, le pari d’un couple venu d’Australie de redonner vie à un Monument historique français. Vous trouverez ci-dessous une vue d’ensemble claire et documentée : histoire, architecture, chantier, projet éditorial et pratique de visite.

Informations clés
Paramètre | Information |
|---|---|
Nom | Château de Purnon |
Période de construction | Entre 1771/1772 et 1791 |
Propriétaires actuels | Tim Holding et Felicity Selkirk (Australie), depuis 2020 |
Statut de protection | Classé Monument Historique depuis le 10 mai 1995 (logis, communs, douves, terrasses, grille nord) ; parties inscrites depuis 1992 (moulin, potager, éolienne Bollée, réservoir) |
Architecture | Plan en « H », style classique tardif, charpentes « à la Philibert Delorme », toitures à l’impériale en ardoise |
Projet de restauration | Conduit par Frédéric Didier (Architecte en chef des Monuments historiques), soutenu par la DRAC, la Mission Patrimoine et la Fondation du Patrimoine |
Histoire

Le site de Purnon est ancien : la seigneurie est attestée depuis la fin du Moyen Âge, mais le château actuel relève pleinement du XVIIIᵉ siècle. Entre 1772 et 1791, Antoine-Charles Achard, marquis de La Haye, fait édifier une résidence d’apparat avec ses dépendances sur un plan très ordonné, dans un style encore classique à l’heure où triomphe le néoclassicisme. La tradition locale veut que des matériaux (pierres de taille, bois) issus d’un autre château du marquis, à Brisay, aient été remployés pour le chantier de Purnon — un fait typique de la culture constructive de l’époque, et qui contribue à la mémoire « palimpseste » du domaine.
Purnon n’a connu que trois familles propriétaires depuis la fin du XVIIIᵉ siècle, ce qui explique en grande partie l’état de conservation exceptionnel de l’ensemble (logis, communs, ouvrages de terrasse, éléments techniques). Au XIXᵉ siècle, le marquis de Rochequairie acquiert le domaine et y mène des travaux de confort ainsi qu’un aménagement hydraulique du potager, alimenté par une éolienne Bollée installée en 1900 — rare témoin d’ingénierie rurale encore lisible in situ.
La valeur patrimoniale de Purnon a conduit à une protection comme Monument historique : le corps de logis, les deux grands communs, les douves, les terrasses et la grille nord sont classés par arrêté du 10 mai 1995 ; d’autres éléments (portail, Moulin Bigeard, potager, éolienne et réservoir) sont inscrits (1992, dispositions révisées depuis). Cette reconnaissance juridique ancre le château dans la liste des édifices protégés, garantit l’intervention scientifique des services de l’État et conditionne l’accès aux aides publiques.
Architecture

Le plan du château adopte une forme en H : un corps central de cinq travées flanqué de deux pavillons saillants, le tout posé sur un soubassement avec des fossés secs sur trois côtés et une grande terrasse au sud. L’élévation joue une grammaire classique (avant-corps, ressauts, attique animé d’oculi, pilastres doriques) associée à une modénature qui rappelle la manière d’Ange-Jacques Gabriel. Cette composition, très « à la française », privilégie les masses claires et le volume spectaculaire des toitures « à l’impériale », qui donnent au logis sa puissance visuelle dans le grand paysage.
Côté technique, Purnon est un petit traité de charpenterie : les charpentes « à la Philibert Delorme », montées en planches courbes jumelées, forment un ensemble rare dans la région. Elles portent des couvertures en ardoise, aujourd’hui en cours de reprise à l’identique. Les communs, au nord, partagent cette sophistication de charpente et abritent des fonctions nobles et domestiques : chapelle et écuries à l’ouest ; boulangerie et laverie à l’est, où subsistent encore les trois grandes cuves en pierre. La matérialité du bâti associe tuffeau et enduit ocré, teinte traditionnelle du Loudunais.

Le parc prolonge le dispositif architectural. Une percée rectiligne d’environ 2 km traverse la forêt de Scévolles et compose une perspective « à l’ancienne » depuis les salons nord du logis, tandis que la cour d’honneur s’ouvre vers une grille monumentale sommée d’une couronne marquisale. Ces tracés, fixés dès le premier XIXᵉ siècle, donnent à Purnon sa « présentation » spectaculaire, entre domaine de chasse et résidence de représentation.
Une restauration exemplaire
Lorsque le domaine change de mains à la fin des années 2010, l’état sanitaire est préoccupant : toitures fuyardes, enduits lessivés, menuiseries d’origine (contrevents, persiennes) fatiguées, murs de soutènement et caves de terrasse fragilisés, communs partiellement en péril. Une étude de diagnostic (2020) confie la maîtrise d’œuvre à Frédéric Didier, Architecte en chef des Monuments historiques (agence 2BDM). Le projet vise d’abord le clos-couvert (charpente-couverture-maçonnerie) du logis, en trois tranches. L’estimation initiale (env. 2,09 M€ TTC) a été réévaluée en cours de chantier, au vu de la fragilité des charpentes, à 3,25 M€ TTC. L’État (DRAC Nouvelle-Aquitaine) subventionne la première phase à 60 % (818 486 € en 2021). En parallèle, un chantier d’urgence cible la terrasse sud-est (mur de soutènement et caves), également cofinancé.

We risked everything to save this 105 room crumbling French château
En 2022, Purnon est lauréat de la Mission Patrimoine (« Loto du patrimoine »), levier financier précieux pour enclencher une opération de long terme et mobiliser le mécénat. La Fondation du patrimoine agrège les soutiens (dons, partenariats) et annonce 300 000 € issus du Loto au bénéfice du chantier. À ces aides s’ajoutent des contributions de fondations et d’associations spécialisées (VMF, French Heritage Society, etc.). Le suivi est assuré au titre du contrôle scientifique et technique par les services de la DRAC (Conservation régionale, UDAP).

Au quotidien, la restauration réactive toute une chaîne de métiers — compagnons maçons et tailleurs de pierre, charpentiers, couvreurs, menuisiers, restaurateurs de sculpture — selon un principe d’authenticité (reprises « à l’identique » lorsque c’est pertinent, relevés précis, sondages, recherche d’archives). Les bustes en pierre couronnant les lucarnes d’axe, par exemple, font l’objet d’études, de restauration et de restitution (copies in situ) pour retrouver la verticalité et la lecture d’origine des façades. La conservation des menuiseries anciennes est l’un des enjeux remarquables du projet, tant pour l’esthétique que pour la ventilation hygrothermique du logis.
Château Reawakening
Plus qu’un chantier, Purnon est devenu un récit partagé. Porté par ses propriétaires, Château Reawakening est à la fois un livre illustré (Hardie Grant, 2023) et un écosystème en ligne (site et chaîne vidéo) qui documente, sans fard, les avancées comme les contrariétés : diagnostics, découvertes (boiseries, papiers peints, structures), interventions d’artisans, arbitrages, joies et déceptions de la restauration sur monument. L’ouvrage (304 p.) assemble journaux de bord et photographies grand format ; le site et les vidéos prolongent l’expérience avec des visites complètes, des séquences techniques (pont, toitures, charpentes), des focus sur les dépendances et le parc. Cette médiation, menée en lien avec les partenaires publics, contribue à ouvrir Purnon à un public plus large et à sensibiliser aux enjeux de sauvegarde.

Parmi les retombées positives, citons la redécouverte et la valorisation de papiers peints historiques mis au jour pendant le chantier. Leur réédition sous la collection « The Purnon Papers » permet de financer une partie des travaux tout en racontant une histoire décorative locale : chaque motif porte le nom d’un acteur ou d’un lieu du domaine (Achard, Purnon, etc.). C’est un bel exemple de design patrimonial : transformer une découverte d’atelier en ressource culturelle et économique, au bénéfice du monument.
Situation, accès et visites
Le château de Purnon se trouve à Verrue (département de la Vienne), au sud de la vallée de la Loire, dans un parc de 24 hectares regardant vers la forêt de Scévolles.
Le domaine est privé et se visite principalement à l’occasion d’ouvertures programmées (événements, journées thématiques). En 2025, le château participe aux Journées européennes du patrimoine (20–21 septembre, 10 h–16 h, entrée gratuite), avec visites guidées (français à 14 h 30, anglais à 11 h), démonstrations d’artisans et animations (four à pain, bar à vin, restauration sur place). Pour tout autre créneau, suivez les annonces publiées sur le site officiel et les supports de l’office de tourisme.
Tarifs
Service / activité | Tarif indicatif | Remarques |
|---|---|---|
Entrée générale | Gratuit | Lors des Journées du Patrimoine |
Visites guidées (FR/EN) | Gratuit | Horaires fixes, sans réservation |
Animations artisanales | Gratuit | Démonstrations comprises dans la visite |
Bar à vin / restauration | Payant | Tarifs variables selon consommation |
Stationnement | Non communiqué | Pas de tarification officielle publiée |
Aucun tarif permanent (billetterie, parking payant, etc.) n’est indiqué, car le château ne fonctionne pas comme un site touristique régulier.
Anecdotes et faits intéressants

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- Une perspective « à l’ancienne » : depuis les pièces nord, une percée rectiligne d’environ 2 km file dans la forêt de Scévolles ; ce tracé au cordeau, ouvert au début du XIXᵉ siècle, compose un paysage de chasse et de représentation d’une rare puissance.
- Charpentes à la Delorme : les toitures reposent sur des charpentes en planches courbes jumelées, système dit « à la Philibert Delorme », peu courant dans la région et très recherché par les historiens de la construction.
- Une éolienne Bollée (1900) : dans l’enceinte du potager, l’éolienne Bollée servait à pomper l’eau et à irriguer ; ces machines brevets Bollée ne sont plus nombreuses et constituent un patrimoine technique à part entière.
- Trois familles en plus de deux siècles : la faible rotation de propriétaires a évité les grands « relookings » du XIXᵉ et du XXᵉ siècle, ce qui explique l’authenticité générale des volumes, décors et distributions.
- Classé Monument historique : le 10 mai 1995, le logis, les deux communs, les douves, terrasses et la grille nord sont classés ; d’autres éléments (Moulin Bigeard, potager, éolienne et réservoir) sont inscrits (1992). La protection a été mise à jour récemment dans les bases du ministère.
- Un vocabulaire « à la française » : ressauts, avant-corps, attique à oculi, pilastres doriques, fronton aux armes Achard de La Haye : les façades de Purnon citent consciemment les codes du XVIIᵉ et du XVIIIᵉ siècle.
- Des menuiseries d’origine : la conservation des persiennes, contrevents et quincailleries est l’un des trésors discrets du château ; elles sont restaurées pour maintenir l’esthétique et le confort hygrothermique des pièces.
- Des papiers peints ressuscités : la collection The Purnon Papers réédite des motifs découverts sous couche, transformant une trouvaille de chantier en ressource pour la sauvegarde du lieu.
- Mission Patrimoine : la sélection 2022 au Loto du patrimoine a sécurisé des financements structurants (notamment 300 000 €), catalyseurs pour engager les grosses phases de toiture et de maçonnerie.
Autres lieux notables en France
Voilà encore une liste difficile à établir. En fonction des goûts et des époques préférées de chacun, difficile en effet de dire quels sites sont les plus intéressants en France. Nous vous proposons néanmoins une sélection de lieux aussi notables que le château de Purnon, à notre avis.
- Le château Chenonceau, unique de par son architecture si particulière, son élégance et bien sûr son histoire, marquée par les rôles qu’y jouèrent Catherine de Médicis et Diane de Poitiers.
- Le château Chantilly : outre son architecture mondialement connue et son très vaste parc, il abrite également l’un des plus riches musées d’art ancien au monde, après le Louvre.
- Le château Vaux-le-Vicomte. Bien connu en France, haut lieu du tourisme, cette merveille qui préfigure Versailles est définitivement associée à ses géniaux concepteurs, aussi bien qu’au destin tragique de son créateur, Nicolas Fouquet.
Conclusion
Au moment où la France interroge sa manière de transmettre le bâti ancien, Purnon offre un cas d’école : un monument quasi intact, un paysage dessiné pour la mise en scène d’un grand logis, et un chantier qui associe rigueur scientifique, savoir-faire artisanaux, mécénat et médiation grand public. La restauration en cours reconquiert pas à pas les éléments essentiels — charpentes, couvertures, maçonneries, terrasses, menuiseries — tout en restituant l’intelligence constructive du XVIIIᵉ siècle. Porté par un récit vivant (Château Reawakening) et par un réseau de partenaires, le projet donne au public l’occasion rare de comprendre un Monument historique « de l’intérieur » : comment on l’étudie, comment on l’écoute, comment on le soigne. Si vous envisagez une visite, guettez les ouvertures exceptionnelles (Journées du patrimoine, événements) et suivez le site officiel : vous verrez peut-être, sur un toit d’ardoises encore en chantier, la courbe d’une charpente « à la Delorme » raconter mieux que quiconque pourquoi sauver Purnon a du sens.
Foire Aux Questions
Peut-on visiter le château toute l’année ?
Non. Le domaine est privé et n’ouvre qu’occasionnellement, principalement pour les Journées Européennes du Patrimoine.
Quand ont lieu les ouvertures au public ?
Chaque année en septembre, lors des Journées Européennes du Patrimoine (dates variables, généralement le 3ᵉ week-end de septembre).
Quel est le tarif d’entrée ?
L’accès est gratuit lors des événements patrimoniaux. Seules les consommations (bar à vin, repas sur place) sont payantes.
Quelles activités sont proposées lors des ouvertures ?
En plus des visites guidées, les visiteurs peuvent assister à :
- démonstrations de métiers traditionnels (tailleurs de pierre, boulangers utilisant le four ancien),
- découverte des communs (chapelle, écuries, buanderie),
- expositions patrimoniales,
- bar à vin et restauration conviviale,
- animations pour enfants et familles.






