• Znaki
  • Personnes
  • L’affaire Sawt Al-Akher, un autre acte de criminalisation du journalisme ?
Personnes

L’affaire Sawt Al-Akher, un autre acte de criminalisation du journalisme ?

Meriem Chorfi, journaliste, Mouhoub Rafik, rédacteur en chef et Mohamed Laamari, directeur de publication de Sawt Al Akher ont été placés jeudi, 2 avril, sous contrôle judiciaire et poursuivi sur la base de l’article 79 du code pénal « d’atteinte à l’unité nationale” et de “diffusion de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national”.

par Tarek Hafid

Sommaire
Affaire Sawt Al-Akher – manifestation pour la liberté de la presse en Algérie, pancarte "journaliste libre" en arabe.

Un usage détourné du droit contre la liberté d’informer

Il s’agit d’une nouvelle atteinte caractérisée contre le métier de journalisme que l’on s’acharne à traiter comme une activité délictueuse voire comme un crime. Le métier d’informer s’exerce dans le cadre de la loi organique — qui n’est pas des plus libérales — du 12 janvier 2012 relative à l’information. Il est encadré par l’article 50 de la Constitution Algérienne qui dispose notamment que “le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté.”

La décision du juge d’instruction d’invoquer le code pénal pour une publication évoquant des erreurs de l’institut Pasteur est un contournement délibéré du cadre juridique de l’exercice du métier d’informer. Elle s’inscrit dans une multiplication des atteintes à la liberté de la presse et d’intimidation contre les journalistes.

Le recours aux dispositions du code pénal pour des affaires liées à l’activité de journalisme revient à remettre en cause la lettre et l’esprit de la Constitution. Nos confrères Khaled Drareni, Sofiane Merakchi, Said Boudour et Mustapha Bendjama sont victimes de ce contournement de la Constitution, un abus de pouvoir selon les juristes.

Une affaire révélatrice d’un climat de répression

S’agissant de l’affaire des “erreurs présumées” de l’Institut Pasteur, nous tenons à rappeler que c’est le député de la circonscription de Batna, Hakim Berri, qui a évoqué l’affaire en premier, dans un courrier en date du 30 mars 2020, adressé au Wali de Batna. Le député y parlait notamment d’une “grave erreur” de l’Institut Pasteur. Il est aberrant de voir les messagers que sont les journalistes subir des poursuites judiciaires assorties d’une mise sous contrôle judiciaire pour un message diffusé par un député.

Les journalistes Algériens Unis dénoncent cette nouvelle dérive qui vise à criminaliser le métier. Ils expriment leur entière solidarité avec leurs confrères de Sawt Al-Akher.

Non au harcèlement des journalistes.
Liberté pour Khaled Drareni, Sofiane Merakchi, Said Boudour et Mustapha Bendjama.

Pour en savoir plus

Découvrez les coulisses de l’information grâce à la newsroom Casbah Tribune, réputée pour son journalisme de terrain.