Médias : Parution du décret exécutif régissant la presse électronique en Algérie
Le décret exécutif du journalisme numérique et les modalités d’exercice de l’activité médiatique en ligne ont été publiés dans le dernier numéro du Journal officiel dans son 70e numéro, daté du 25 novembre 2020.

Principales dispositions du décret
Selon le contenu de ce dernier numéro, les responsables des médias électroniques, doivent être une personne physique de nationalité algérienne ou une personne morale soumise au droit algérien.
Ils doivent être titulaires également d’un diplôme universitaire ou d’un autre diplôme équivalent et son expérience ne doit pas être inférieure à trois ans dans le domaine des médias.
Aussi, le dernier numéro du journal officiel, précise que, tout soutien matériel de toute organisation donatrice doit être justifié et la relation organique doit être clarifiée. En outre, il est strictement interdit de recevoir des aides et des subventions de toute entité étrangère. Il faut empêcher aussi toute personne morale ou physique de contribuer dans plus d’un média électronique, en plus de faire employer au moins un journaliste professionnel.
L’importance du domaine « .dz »
Enfin, il est explicité du domaine “. Dz” que “l’extension du site doit être (.dz)” ce qui veut dire que “l’acquisition du nom de domaine doit se faire en Algérie à travers l’Etat (CERIST)”.
Ce nouveau cadre législatif vise à clarifier les responsabilités et les obligations des acteurs de la presse électronique, dans un contexte où l’accès à l’information se fait de plus en plus en ligne. Les autorités entendent ainsi instaurer une plus grande transparence dans la provenance des financements, tout en assurant un contrôle strict des contributions étrangères. L’objectif déclaré est de préserver l’indépendance et la souveraineté de la presse algérienne, afin de garantir une information de qualité, exempte de toute ingérence extérieure. Par ailleurs, la mention explicite du domaine “.dz” souligne la volonté de centraliser la gestion administrative et technique des sites d’information au sein du territoire national.

Le décret introduit également des critères de professionnalisation dans le secteur numérique. En obligeant les responsables de médias électroniques à justifier d’une expérience minimale dans le domaine de la presse, le gouvernement souhaite encourager la création de contenus plus fiables et mieux structurés. Dans la même optique, la nécessité d’employer au moins un journaliste professionnel par plateforme en ligne est un signal fort adressé aux créateurs de contenu, souvent issus d’horizons divers. Cette disposition cherche à valoriser le métier de journaliste et à renforcer l’éthique éditoriale, notamment dans un contexte où la désinformation et les “fake news” constituent des défis majeurs.
Contrôle et supervision par l’État
En outre, le décret spécifie les mécanismes de contrôle et de suivi que l’État se réserve le droit d’exercer sur la presse électronique. Les responsables de ces médias seront amenés à communiquer régulièrement leurs sources de financement et à prouver la légalité de leurs partenariats. Pour faciliter ces contrôles, des procédures d’enregistrement et de déclaration spécifiques sont prévues. Cette démarche vise non seulement à lutter contre le blanchiment d’argent ou le financement illégal d’activités médiatiques, mais aussi à consolider la confiance du public dans l’ensemble de l’écosystème de la presse en ligne.

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Une autre nouveauté porte sur la protection des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle dans l’espace numérique. Le texte met l’accent sur la nécessité de respecter la réglementation en vigueur, sous peine de sanctions. Dans le cadre de la transition digitale, de nombreux médias reprennent des contenus sans autorisation, ce qui nuit à la créativité et au professionnalisme du secteur. En instituant des obligations claires, le gouvernement entend encourager les pratiques responsables, afin que la croissance du journalisme en ligne bénéficie aussi bien aux professionnels qu’aux lecteurs.
Conclusion
Enfin, ces mesures constituent un tournant pour le paysage médiatique algérien. Elles témoignent de la volonté des pouvoirs publics de structurer la presse en ligne, en lui offrant un statut juridique précis et en veillant à la qualité des informations diffusées. Cependant, certains acteurs soulignent la nécessité d’éviter une réglementation trop contraignante, qui pourrait freiner l’innovation ou la liberté d’expression. Le débat reste donc ouvert quant à l’équilibre entre la protection de l’intérêt national et la promotion d’un espace médiatique diversifié. À terme, l’application concrète de ce décret contribuera à façonner l’avenir de la presse électronique en Algérie et à définir les contours d’un paysage numérique où fiabilité et pluralisme de l’information pourront s’épanouir.