Le site d’information Algérie Patriotique appartenant à Lotfi Nezzar, fils de Khaled Nezzar n’est plus censuré
Levée de la censure qui touchait le site francophone Algérie Patriotique, appartenant au fils du général à la retraite Khaled Nezzar.
Le site “Algérie patriotique”, propriété de Lotfi Nezzar, fils de l’ancien ministre de la Défense, reprend donc ses activités en Algérie après une longue interruption

La fin de la censure pour Algérie Patriotique : un tournant médiatique
Le site d’information « Algérie Patriotique », fondé et dirigé par Lotfi Nezzar, fils de l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar, a récemment retrouvé son accessibilité sur le territoire algérien. Ce portail d’information francophone, souvent critique envers les autorités en place, faisait l’objet d’une censure depuis plusieurs années. La décision de lever cette restriction a été saluée comme un signal d’ouverture, dans un paysage médiatique national marqué par des tensions récurrentes entre la presse indépendante et les institutions.
Créé pour offrir une plateforme d’analyse politique libre et directe, « Algérie Patriotique » s’était imposé comme une voix influente, notamment pendant les années tumultueuses de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika. Cependant, en 2019, les activités du site et des entreprises qui lui sont affiliées, notamment Devona Algérie et SLC, ont été suspendues par l’Autorité de régulation des postes et des communications électroniques, sans annonce officielle claire.
Lotfi Nezzar a alors dénoncé publiquement cette décision, affirmant que ses entreprises étaient la cible d’une campagne de diffamation orchestrée par ce qu’il appelait « l’ancienne clique présidentielle ». Selon lui, cette campagne visait à discréditer sa famille et à faire taire un média devenu gênant pour certains cercles du pouvoir.
Une affaire politico-judiciaire aux multiples rebondissements
L’affaire prend une dimension plus complexe à partir du 6 août 2019, lorsque le tribunal militaire de Blida émet des mandats d’arrêt internationaux contre Khaled Nezzar et son fils Lotfi. Ces derniers sont alors accusés de « complot » et de « violation de l’ordre public », des accusations graves fondées sur les articles 77 et 78 du Code pénal ainsi que sur l’article 284 du Code de justice militaire. Dans la foulée, les deux hommes sont condamnés par contumace à vingt ans de prison, le 24 septembre 2019.
Cependant, le contexte politique change progressivement en Algérie après la démission du président Abdelaziz Bouteflika. De nouvelles figures émergent, les rapports de force s’inversent, et certaines décisions judiciaires sont remises en question. Ainsi, le 11 décembre 2020, Khaled Nezzar revient en Algérie à bord d’un avion présidentiel, accueilli avec les honneurs militaires. Ce retour spectaculaire marque un tournant dans le traitement médiatico-judiciaire de l’affaire.
Quelques semaines plus tard, le 2 janvier 2021, le tribunal militaire de Blida rend des décisions inattendues : plusieurs figures emblématiques, telles que les généraux Mohamed Médiène et Bachir Tartag, ainsi que Saïd Bouteflika (frère de l’ancien président) et Louisa Hanoune (secrétaire générale du Parti des Travailleurs), sont acquittés des charges de « complot contre l’autorité de l’État » et « compromission de l’autorité de l’armée ». Ces verdicts laissent entrevoir une volonté de rupture avec les pratiques judiciaires antérieures.
La levée de la censure du site « Algérie Patriotique » s’inscrit donc dans cette dynamique de réajustement. Elle semble indiquer une volonté de desserrer l’étau autour de la presse indépendante, même si de nombreuses incertitudes demeurent sur la liberté d’expression à long terme en Algérie. Pour Lotfi Nezzar, cette décision marque une forme de réhabilitation médiatique, mais elle reste teintée du souvenir d’années de tension, de censure et d’accusations politiques.