FC Geopolitics
Le Football Club Geopolitics, créé par Kévin Veyssiere en 2019, explore les liens entre le football et les grands enjeux géopolitiques mondiaux. À travers des analyses approfondies et des THREADs percutants sur Twitter, ce projet a su captiver une large audience en illustrant comment le ballon rond façonne les relations internationales. Cette nouvelle publication rassemblera les meilleures analyses de Kévin Veyssiere, offrant une plongée fascinante dans l’histoire, la politique et l’économie à travers le prisme du sport.
Portrait de l’auteur
Kévin Veyssiere est l’auteur du Football Club Geopolitics, un projet mêlant football et relations internationales, qu’il a lancé en 2019. Passionné de géopolitique, d’histoire et de sport, il analyse l’impact du football sur les dynamiques politiques et économiques mondiales. Parallèlement, il exerce en tant que collaborateur parlementaire, mettant à profit son expertise pour décrypter les enjeux internationaux sous un angle accessible et innovant.

Photo de Kevin Weisser.
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Concept
Kévin Veyssiere est l’auteur du Football Club Geopolitics, un projet qu'il a initié le 8 novembre 2019. L’objectif était d’expliquer les enjeux politiques, économiques et sociaux de notre planète à travers le prisme du football et du sport.
À l’origine, le projet consistait à rédiger un article par mois pour coucher sur le papier ses passions : le sport, l’histoire et la géopolitique. Cependant, c’est en partageant ses analyses sous forme de THREADs sur Twitter – une succession de tweets illustrés et déroulables – que le Football Club Geopolitics a véritablement commencé à se développer.
Ce format permet de synthétiser les enjeux géopolitiques tout en les illustrant avec des images et des vidéos. Après tout, comment expliquer le monde qui nous entoure sans cartes ? Du Qatar à la Chine, en passant par les Îles de Pâques et la Laponie, le site rassemble l’ensemble des sujets décryptés par Kévin Veyssiere, offrant ainsi une véritable porte d’entrée vers une meilleure compréhension des relations internationales.
Aujourd’hui, le Football Club Geopolitics a pris de l’ampleur, avec plus de 80 sujets géopolitico-footballistiques publiés et une communauté de plus de 40 000 abonnés sur Twitter.

LIVRE
Après de nombreuses analyses sur Twitter et des mois de travail, Kévin Veyssiere est heureux d’annoncer la sortie de son livre Football Club Geopolitics : 22 histoires insolites pour comprendre le Monde, publié aux éditions Max Milo.

Pourquoi les pays du Golfe, à commencer par le Qatar, souhaitent-ils tant investir dans le football ? Quelles confrontations sont impossibles entre certains pays, comme celle entre la Russie et l’Ukraine ? À l’inverse, comment le football peut-il être un outil d’émancipation, comme c’est le cas avec l’Île de Pâques ?
En résumé, cet ouvrage présente 22 histoires où le ballon rond s’est retrouvé au cœur des relations internationales, démontrant ainsi que la géopolitique n’est ni rébarbative, ni réservée aux seuls diplomates chevronnés. Le football, quant à lui, dépasse largement le cadre du terrain.
L’ouvrage est préfacé par Pascal Boniface.

Tensions Iran – Etats-Unis : retour sur le match du 21 juin 1998 à Gerland
Publié 29 janvier 2020
Alors que les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran ont redoublé d’intensité, il fut un temps, pas si lointain, où ces deux pays avaient enterré la hache de guerre le temps d’un match de football. Un certain 21 juin 1998 au stade de Gerland à Lyon.

États-Unis – Iran 1998.
🔥 Alors que les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran ont redoublé d'intensité, il fut un temps, pas si lointain, où ces 2 pays avaient enterré la hache de guerre le temps d'un match de football.
Après ces événements, le Shah 👑 d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, retrouve pleinement son pouvoir.
La démocratie iranienne se transforme peu à peu en dictature répressive.
Cette révolution, ainsi que la crise des otages américains en Iran, de 1979 à 1981, vont entraîner une rupture des relations diplomatiques et commerciales entre les 2 pays.
Un événement va "perturber" ce climat extrêmement tendu.
Le 4 décembre 1997, lors du tirage de la Coupe du Monde 1998, les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent dans le même groupe !😮
Ce match, programmé pour juin 1998 , est déjà nommé "Mother of all games"
Côté football la qualification de l'Iran pour le Mondial 1998 est un événement majeur, fêté dans tout le pays !
Il faut dire que le pays n'avait plus participé à une telle compétition depuis 1978…la révolution et la guerre contre l'Irak (1980-1988) ayant usées le pays.
Dans la patrie de l'Oncle Sam, le soccer reprend vie après sa descente aux enfers des années 80.
Il faut dire que la Team USA sort d'une Coupe du Monde à la maison réussie, où les américains se sont inclinés en 1/8 de finale face au futur vainqueur brésilien.
Mais l'enjeu de ce groupe est ailleurs.
" Une seule rencontre compte véritablement aux yeux des iraniens : celle contre les Etats-Unis, le 21 juin, à Lyon. En cas de victoire contre leur ennemi politique, les iraniens rentreront en héros. "
Mais outre le terrain, d'autres problèmes vont pointer le bout de leur nez avant le match.
Déjà, les Etats-Unis étant l'équipe qui "reçoit" l'Iran, les iraniens doivent se diriger vers les américains pour leur serrer la main.
Réponse de l'ayatollah Khamenei : non catégorique ❌
En effet, la veille du match, M6 a prévu de programmer "Jamais sans ma fille", un film qui raconte les galères d'une Américaine et de sa fille séquestrées en Iran…
Entre menace de boycott et tentative de déprogrammation, le film sera diffusé et le match bel et bien maintenu.
L'avant match est l'occasion de mettre en place une cérémonie savamment chorégraphiée.
La fédération iranienne de football donnent à leurs joueurs des roses blanches, symbole de paix, afin qu'ils les offrent à leurs adversaires américains.🕊️
Après ces beaux échanges la place est au match !
L'équipe américaine semble plus forte sur le papier : un vétéran (Kasey Kelley) en dernier rempart, des milieux expérimentés (Cobi Jones, Claudio Reyna) et le buteur maison Brian McBride.
Les amércains dominent la rencontre sans toutefois trouver la faille. Les iraniens Estili et Mahdavikia surprennent la Team USA, avant que McBride ne réduise le score.
2-1
L'Iran l'a fait ! Pour leur 1ère victoire en Coupe du Monde, la Team Melli a battu son grand rival.
Selon l'officier FIFA Masoudi, après cette victoire historique, "les gens dansaient dans les rues de Téhéran, buvaient ouvertement de l'alcool et les femmes se sont enlevé le foulard sur la tête… Le régime iranien était effrayé par cette liesse libératrice".
Côté américain, le porte-parole du Département d’Etat, espérait que cette rencontre permettrait de "bâtir des liens, faire tomber les murs de la défiance et créer une meilleure compréhension".
Alors que les Etats-Unis quittent la compétition, tout comme l'Iran après sa défaite contre l'Allemagne, les 2 sélections n'en restèrent pas là.
En 2000 l'Iran se rendra sur les terres de l'Oncle Sam pour participer à un match amical Pasadena contre la Team USA
Gibraltar : le petit poucet britannique de l’UEFA
Publié 4 mars 2020
Alors que le tirage au sort de la Ligue des Nations deuxième édition a eu lieu ce mardi 3 mars, retour sur a plus petite sélection « nationale » de l’UEFA : Gibralar. Comment ce territoire britannique, contesté, se retrouve à participe à des compétitions internationales ? Elements de réponse.

L’équipe nationale de Gibraltar 2013.
Alors que ce soir a lieu le tirage au sort de la Ligue des Nations, retour sur l'équipe du + "petit" membre de l'UEFA…
Gibraltar
Comment ce territoire, contesté, du Royaume-Uni se retrouve à participer à des compétitions internationales ?
Ce territoire appartient à la Grande-Bretagne depuis le traité d’Utrecht de 1713, conséquence de la guerre de succession d’Espagne.
Depuis, ce "rocher", à la jonction entre l’Europe et l’Afrique, l’Atlantique et la Mer Méditerranée, est revendiqué par l'Espagne.
Face à cette "offensive" diplomatique espagnole, le Royaume-Uni soumet un référendum en 1967 aux gibraltariens, et 99,64% d'entre eux expriment leur volonté de rester sous la souveraineté britannique.
Depuis l'Espagne revendique toujours la même position, à savoir que le territoire lui soit rendu, avec abrogation des accords datant du XVIIIe siècle.
Bien que la situation ait un peu évolué, Madrid souhaitant mettre en place une co-souveraineté hispano-britannique.
En 2016, l'Espagne a reformulé sa proposition de partager la souveraineté sur le "Rocher" entre Madrid et Londres.
Mais les Gibraltariens, qui ont rejeté l’idée par référendum en novembre 2002, maintiennent leur refus.
Car le football est bien le sport historique des 30 000 habitants du "Rocher".
Introduit par les militaires britanniques au XIXe siècle, le 1er club de Gibraltar, Prince of Wales FC, est créé en 1892 et le 1er championnat en 1895.
La sélection nationale de Gibraltar se constituera plus tard, aux alentours de 1923 à l'occasion d'un match contre Séville.
S'en suivra d'autres matchs amicaux, avant le 1er match national non officiel de Gibraltar contre Jersey lors des Island Games de 1993.
Rebelote en 2007, où cette fois-ci Gibraltar est soutenu par trois autres fédérations (Angleterre, Écosse et Pays de Galles).
Face à la pression espagnole, l'UEFA va alors établir des règles restreignant l'adhésion aux États souverains reconnus comme tels par les Nations Unies.
La Fédération de Gibraltar a donc été officiellement acceptée en tant que membre à part entière de l'UEFA le 24 mai 2013, seuls l'Espagne et la Biélorussie s'y étant opposées.
Le premier match international officiel de Gibraltar aura lieu le 19 novembre 2013 face à la Slovaquie.
Seuls faits d'armes pour Gibraltar en compétitions officielles, deux victoires lors de la précédente NationsLeague , face à l'Arménie (1-0) et face au Liechtenstein (2-1).
Mais l'intérêt de l'existence de cette équipe nationale est ailleurs, surtout compte tenu du Brexit. 👇
Lors du référendum sur le Brexit, c'est 95,6 % des gibraltariens, appelés également Llanitos, qui ont voté POUR que le Royaume-Uni demeure membre de l’Union Européenne.
Face à ce risque, le chef du gouvernement de Gibraltar, Fabian Picardo, souhaite rallier l’espace Schengen, dont le Royaume-Uni ne fait pas partie, pour préserver cette liberté de circulation.
Mais dans cette histoire tout dépendra du futur accord avec l'Union Européenne.
L'Espagne reste toutefois à l'affut pour proposer le projet d'une co-souveraineté qui pourrait donner double passeport aux habitants du Rocher et ainsi retrouver leur liberté de circulation.
Pourquoi le Suriname influence t-il tant le football des Pays-Bas ?
Ruud Gullit, Patrick Kluivert, Virgil van Dijk… Ils sont nombreux ces grands joueurs néerlandais à avoir des origines du Surinam, l’ancienne colonie des Pays-Bas. Alors pourquoi ce petit pays d’Amérique du Sud importe t-il tant de talent dans la sélection Oranje ? Plusieurs réponses sont là pour éclaircir ce mystère.
SURINAME et PAYS-BAS

Ruud Gullit, Patrick Kluivert, Virgil van Dijk…
Jusque là habité par des tribus amérindiennes, le pays est colonisé par les Provinces-Unies, ancêtre des Pays-Bas, au 17e siècle. La Guyane néerlandaise est né. Elle fournit sucre, café, et coton à la métropole (avec l'esclavage), aboli dans la région seulement en 1863.
Le pays d'Amérique du Sud gagnera peu à peu en autonomie. Le Suriname devient une région autonome des Pays-Bas en 1954 puis accède à l'indépendance en 1975.
Ce renversement du gouvernement, orchestré par l'actuel Président du pays Désiré Bouterse (on y reviendra), va entraîner une décennie de dictature, marquée notamment par l'exécution d'opposants politiques et l'implosion du pays avec une guerre civile.
Tout comme le pays, sport le plus populaire du Suriname, le football, va rester bloquer à quai durant de nombreuses années. La faute à la situation politique, des moyens économiques limités, mais aussi à une politique nationale restrictive.
Le 1er d'entre eux à tenter l'aventure du football en Europe et aux Pays-Bas marquera durablement l'histoire du ballon rond au Surinam. Son nom : André Kamperveen
Kamperveen est aussi impliqué dans la vie politique du Surinam. Après sa carrière de joueur, il deviendra Ministre des Sports mais il sera assassiné par la suite en 1982, comme de nombreux opposants au dirigeant Désiré Bouterse.
Mais c'est la victoire finale des Pays-Bas à l'Euro 1988 qui va considérablement mettre en lumière l'influence du Surinam sur le football hollandais. Aux côtés de Van Basten, les joueurs d'origines surinamiennes Gullit, Rijkaard, Winter contribueront grandement à ce succès.
À la Coupe du monde 1998, 30 % de l'équipe hollandaise est d'origine surinamienne 'alors que le bureau central des statistiques indique que cette communauté représente seulement 1,87 % de la population."
L'héritage des Davids, Seedorf et autre Kluivert continue de perdurer puisque de nombreux joueurs d'origine surinamiennes sont sélectionnés dans l'actuelle équipe des Pays-Bas. Comme Van Djik, Wijnaldum ou Bergwijn
Un pas important de fait, même si la question de la double nationalité au Suriname n'est pas réglée et que la situation diplomatique entre le pays d'Amérique du Sud et les Pays-Bas reste tendue.
Toutefois, un projet d'équipe avec des joueurs d'origine surinamaise a été mis en place, à l'initiative de l'entraîneur actuel de la sélection Dean Gorré. L'objectif est clairement affiché de relever le niveau de la sélection nationale, 142ème équipe au classement FIFA.
La diaspora surinamienne est importante dans le monde et la sélection pourrait s'appuyer sur elle. Selon l'Organisation internationale pour les migrations, environ 272 600 personnes originaires du Suriname vivaient dans d'autres pays, principalement aux Pays-Bas et en France.
Le développement du football au Surinam passera donc par une évolution de la législation du pays sur la double nationalité, des meilleures relations diplomatiques avec les Pays-Bas mais surtout un investissement important dans les infrastructures sportives.
Sinon nous risquons de voir souvent le talent des joueurs d'origine surinaméennes se mettre en avant encore et toujours sous la couleur d'un maillot oranje.
L’incroyable histoire de l’équipe de football du Tibet
Publié 19 juin 2020
Le 30 juin 2001, l’équipe de football du Tibet disputait le 1er match de son histoire face au Groenland. Un match organisé avant tout pour mettre en lumière la situation politique de cette région de l’Himalaya, annexé par la Chine en 1950.

🌏 TIBET ☸️⚽ Le 30 juin 2001, l’équipe de football du Tibet disputait le 1er match de son histoire face au Groenland.
👉 Un match organisé avant tout pour mettre en lumière la situation politique de cette région de l'Himalaya, annexé par la Chine en 1950.
Grand Etat crée à partir du 7e siecle, la théocratie bouddhiste va perdre de son prestige et passer sous domination chinoise à partir du 18e s., tout en gardant une certaine autonomie. Mais en 1911 l'effondrement du pouvoir impérial mandchou va entraîner l'indépendance du Tibet.
Mais en 1949, après la prise de pouvoir de Mao Tse Toung, la Chine va décider de reprendre le contrôle de la région, qu'elle considère comme partie intégrante de son territoire. En 1950, c'est près de 30 000 soldats chinois qui vont occuper la capitale du Tibet, Lhassa.
Après ces révoltes, la Chine va intégrer le Tibet à son territoire en le faisant devenir une région autonome en 1965. Par ailleurs, l'Etat chinois va durcir le ton pour imposer sa culture : des milliers de monastères seront détruits et la population sera sévèrement persécutée.
L'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1976, après la mort de Mao, va conduire à une détente relative. La région sera modernisée, la liberté de croyance proclamée bien que Pékin incitera les Chinois à s'installer dans la région pour modifier l'équilibre démographique.
Face à ces accusations, ainsi que le soutien des pays occidentaux au dalaï-lama, la Chine va réaffirmer son unité nationale et impose la loi martiale au Tibet en 1989. Quant aux pays qui contestent la version chinoise, ils seront menacés de représailles politiques et économiques.
"Il se trouve que les moines aimaient le football et nous avons fini par jouer dans le monastère. Le même soir j'ai rêvé que j'étais l'entraîneur de l'équipe nationale de football tibétaine, un rêve qui m'a hanté jusqu'à ce que je réalise que le Tibet n'avait même pas d'équipe"
Pendant qu'il s'attèle aux préparatifs de son projet, Nybrandt va contacter la fédération de football du Groenland, alors région autonome du Danemark, pour lui demander si son équipe nationale serait intéressée à l'idée d'affronter une autre équipe non reconnue par la FIFA.
Pour en savoir + sur les liens entre football et autonomie du Groenland, je vous invite à consulter ce précédent sujet 👇
Alors que l'équipe se met en place et s'entraîne en Inde, le staff de Nybrandt travaille en coulisses pour obtenir les documents nécessaires afin que les joueurs puissent disputer le match face au Groenland au Danemark. C'est là que la Chine intervient.
En effet, la Chine va faire pression sur le Danemark pour que ce match n'ait pas lieu. L'Etat chinois menace alors Copenhague de couper tous ses échanges commerciaux et de mettre un embargo sur les exportations de crevettes du Groenland.
Malgré une défaite anecdotique sur le score de 4 buts à 1, le match a marqué un nouveau départ pour le football et le mouvement de liberté tibétain. Un autre match aura lieu dans la foulée en Allemagne, le 14 juillet 2001 face à la sélection monégasque (défaite 2-1).
Durant son épopée, la sélection tibétaine sera suivie par une équipe de tournage qui aboutira à la création du documentaire "The Forbidden Team".
La sélection tibétaine quant à elle continuera de jouer des matchs notamment face à la Republique de St Pauli lors de FIFI Wild Cup 2006.
L'équipe de football du Tibet permet à la région de faire connaître sa cause et de faire flotter son drapeau autour de compétitions internationales.
Il faut dire que le Tibet est un territoire important pour la Chine, puisqu'il dispose d'un riche sous-sol ainsi que de grandes réserves d'eau. Elle est aussi une zone stratégique entre la Chine et le rival indien, comme en témoigne l'actualité récente.
Officiellement, la fédération chinoise ne voulait pas que le club évolue à Lhassa à cause des pauses d’oxygénation lors des matchs. Officieusement, une professionnalisation du football aurait pu de nouveau mettre la lumière la question de l'auto-détermination du Tibet.
Face à l'importance stratégique du Tibet pour la Chine, il est peu probable de voir, si ce n'est une indépendance, une + grande autonomie de la région. Et le football, nouveau moyen d'expression pour s'affirmer aux yeux du monde, est encore loin de contester la fermeté chinoise.
VIDEO : Arabie Saoudite, Vente OM et Newcastle
Publié 15 août 2020
Analyse en Vidéo avec La Vista sur pourquoi l’Arabie Saoudite tient tant à investir dans le milieu du football.
Pourquoi le City Football Group a racheté le club de Troyes ?
Publié 4 septembre 2020
Le City Football Group, qui détient notamment Manchester City, vient d’annoncer le 3 septembre l’acquisition de sa 10ème équipe de football avec le rachat du club français de Troyes (ESTAC), pensionnaire de Ligue 2. Pourquoi un tel investissement ?

TROYES – CITY FOOTBALL GROUP 💸
Le City Football Group est né de la volonté de Mansour bin Zayed Al Nahyan, plus connu sous le nom de Sheikh Mansour.
Membre influent de la famille royale de Abu Dhabi, demi-frère de l'actuel président des EAU, il est depuis 2009 Ministre des affaires présidentielles du pays.
Toutefois, après des investissements conséquents pour dominer la Premier League, le modèle économique de Manchester City va être mis à l'amende par l'UEFA en 2014.
Cette structuration mondiale va être rendu possible grâce à un homme : Ferran Soriano,
Il est l'ancien vice-président économique du FC Barcelone entre 2003 et 2008, et le directeur exécutif de Manchester City depuis 2012.
Une fois en place à City en 2012, avec le soutien du Sheikh Mansour et du président du club Khaldoon al-Moubarak, Soriano va pouvoir mettre en place son idée.
Celle de construire quelque chose de "bien plus grand" qu'un simple top-club européen.
L'occasion de relire la longue enquête du guardian_sport sur la vision de Soriano et le projet du City Football Group :
"Manchester City’s plan for global domination"
Avec l'ESTAC l'idée du City Football Group est bel et bien
– d'intégrer le marché du football français avec son fort bassin de joueurs et son système de formation réputée
– de développer la marque City Football Group
– d'installer le club durablement en Ligue 1
En fonction de la participation dans les clubs, l'empreinte de la marque du City est + visible, notamment au niveau des kits équipementiers.Comme cela a pu être le cas pour le club du Melbourne Heart qui en changeant de nom (Melbourne City FC) a également changé de couleur.
A voir donc si l'ESTAC va changer de nom pour véritablement intégrer la galaxie City Football Group, voir même changer de couleur pour passer du bleu au bleu ciel.
A l'inverse cela permettra aussi à Manchester City de faire venir des jeunes talents français dans son académie.
C'est notamment ce qui s'est passé pour les joueurs australiens Aaron Moy et Daniel Arzani qui sont passés de Melbourne à Manchester.
Image tirée de l'excellente vidéo de TifoFootball_ sur le sujet
Avec la récente participation de Silver Lake, le City Football Group pèse aujourd'hui + de 5 millards de dollars.
Un modèle économique unique qui repose sur une synergie entre l'expertise du football et mouvement de joueurs entre les clubs.
Un modèle aussi contesté.
Par ailleurs bien que le City Football Group soit né de l'intérêt privé du Sheikh Mansour, difficile de ne pas voir de lien entre l'Etat des Emirats Arabes Unies et la holding.
Ce qui a permis par la suite aux EAU de signer des contrats avec la Chine, et au City Football Group d'intégrer le marché chinois en achetant une partie du club de Sichuan Jiuniu.Une occasion aussi pour la Chine de répondre à son besoin de devenir un pays majeur du football.
Comme nous l'expliquait déjà le spécialiste pays du Golfe RAPHELMAGO les actions du City Football Group sont toutefois à voir par le prisme de l'Etat d'Abu Dhabi qui gagne en puissance au sein de la fédération des Emirats Arabes Unis.
Gardons bien en tête que l'objectif du City Football Group reste de développer une marque inter-club sur tous les continents 🌍 Et pour Mansour d'utiliser le poids économique du City Football Group pour faire gagner du terrain à l'émirat d'Abu Dhabi au sein de la fédération.
Comment Red Bull construit son empire mondial du football ?
Publié 24 novembre 2020
Ce mardi 24 novembre, le PSG va jouer un match crucial pour sa survie en Ligue des Champions face au RB Leipzig.L’occasion de comprendre comment Red Bull est en train de construire un empire mondial dans le domaine du football ?

🌐RED BULL & FOOTBALL 🐮
Ce mardi 24 novembre, le PSG va jouer un match crucial pour sa survie en Ligue des Champions face au RB Leipzig.
Surtout la marque Red Bull s'associe depuis plusieurs années aux événements sportifs afin de favoriser son message commercial (le dépassement de soi) autour de son produit phare.
Message plus connu sous le slogan "Red Bull donne des ailes".
Comme l'explique Mateschitz :
« Dès la 1ère seconde où j'ai inventé Red Bull, j'avais tout en tête : communiquer autour d'événements sportifs extrêmes, lier la boisson au sport d'extérieur, au free climbing, au mountain bike, à la voltige aérienne … »
C'est à cette même période que Red Bull investit dans le football et rachète le club du SV Austria Salzburg, ville où est installée le siège du groupe.
L'équipe abandonne ses couleurs et son nom pour devenir un élément à part entière de la marque :
Le Red Bull Salzbourg
Les succès des deux équipes sur leurs terrains nationaux sont au rendez-vous, mais le fondateur de Red Bull veut un championnat plus médiatique afin de faire grandir la marque de son entreprise.
Red Bull trouvera finalement son bonheur en 2009 en rachetant le SSV Markanstädt pour 350 000 euros, petit club amateur de la banlieue de Leipzig alors en D5 allemande.
Un club qui va être renommé RB Leipzig.
Le club va très vite monter les échelons du football allemand puisqu'en à peine 7 ans, le RB Leipzig va grimper 5 divisions pour atteindre ainsi la Bundesliga en 2016.
L'année suivante le club participe à sa 1ère Ligue des Champions.
Comme l'explique LeTemps, la règle est que « les clubs allemands doivent toujours conserver la majorité des votes lors de l'assemblée générale.
Cela empêche tout investisseur privé de posséder + de 49% des parts d'un club, et donc de le contrôler. »
(Pour être complet, des exceptions existent à cette règle du 50+1, notamment si l'investisseur privé possède des parts dans le club depuis plus de 20 ans, comme c'est le cas avec Bayer à Leverkusen ou Volkswagen à Wolfsburg).
… après enquête, l'UEFA va autoriser les 2 équipes à participer à la compétition.
Le groupe Red Bull n'est « officiellement » plus propriétaire de Salzbourg, ayant abandonné toute fonction dirigeante là-bas pour ne garder qu’un contrat de sponsoring.
Le modèle Red Bull repose d'abord sur un excellent réseau de recrutement pour dénicher les meilleurs jeunes joueur à fort potentiel et à moindre coût.
Ces jeunes joueurs, une fois recruté par la galaxie Red Bull, peuvent faire leur gamme dans le club de Salzbourg ou encore dans son équipe réserve, le FC Liefering acquis en 2012 par Red Bull, avant de s'envoler vers l'Allemagne et Leipzig.
La galaxie Red Bull n'en finit plus de s'étendre avec désormais 5 clubs sous son contrôle 🌐
RB Salzbourg
New York RB
RB Leipzig
FC Liefering
RB Bragantino
sans oublier la création d'une académie de football au Ghana ou encore le récent partenariat entre le RB avec le club indien de Goa
Cela a déjà été mis en place par par le City Football Group et ses clubs satellites
Un exemple de "glocalisation"/ Fernando Pons
"Prendre un produit mondial et s'adapter aux marchés locaux. Pour qu'ainsi un fan de Girona ou de New York devienne un fan du projet City"
Un modèle qui permet au RB Leipzig, vitrine sportive de l'empire Red Bull, d'être à la fois rentable tout en restant compétitif.
Pas une mince affaire quand ont sait que le budget du club est deux fois inférieur à celui du Bayern Munich ou du PSG.
Tout le paradoxe de l'empire football Red Bull football est là.
D'un côté ses clubs prennent le temps de développer les joueurs et un projet de jeu alors que la tendance est + à la rapidité quant un important investisseur privé arrive dans le football.
22 juin 1986 : Quand Maradona « vengeait » l’Argentine
Publié 26 novembre 2020
Depuis plusieurs siècles les îles Malouines (ou Falkland) sont revendiquées par l’Argentine et le Royaume-Uni. Cet enjeu territorial sera au coeur d’un match de légende lors du Mondial 1986, avec comme principal protagoniste Diego Armando Maradona : Angleterre-Argentine.

ARGENTINE ANGLETERRE 🏴
MALOUINES ⚔️
Depuis plusieurs siècles les îles Falkland/Malouines sont
revendiquées par l'Argentine
et le Royaume-Uni
🏆 Cet enjeu territorial sera au coeur d'un match de légende lors du Mondial 1986.
Contrôlées par le Royaume-Uni depuis 1833, l'Argentine ne cesse de les revendiquer publiquement depuis 250 ans.
Une période de crise de ce conflit a inscrit dans l'histoire un match de légende entre les deux pays, marqué par une des plus incroyables performances individuelles.
Les îles Falkland ('Malvinas' ou Malouines en Argentine) sont la première étape logique de cette expansion, car proches et historiquement revendiquées.
Ainsi, le 2 avril 1982, l'opération Rosario est lancée : les soldats argentins débarquent sur les côtes de l'archipel.
L'épisode est marquant.
Thatcher forge sa réputation et marque un point qui pèsera lourd lors de sa réélection l'année suivante.
L'Argentine est traumatisée, la dictature plonge dans la crise, c'est le début de la transition démocratique – qui s'opère en 1983 également.
En phase de groupes, l'Argentine termine devant l'Italie sans perdre un match, et se défait du voisin uruguayen en huitièmes.
L'Angleterre🏴 finit seconde avec une défaite: elle semble lancer véritablement sa compétition en huitièmes face au Paraguay (3-0).
Un match qui fait écho à l'Argentine-Angleterre de la Coupe du Monde 1966.
Un match qualifié par la presse argentine de 'El robo del siglo' (le vol du siècle), en raison d'un but hors-jeu de l'attaquant Geoff Hurst 🏴 et de l'expulsion inexpliquée du capitaine Antonio Rattín
📽La 'Mano de Dios' en vidéo (à écouter avec le son🎵)
📽 Le 'Gol del Siglo' en vidéo
El Pibe de Oro, double buteur face aux Belges en demi-finale, porte les siens jusqu'au titre, acquis face à la RFA 3 à 2.
Il est meilleur joueur du tournoi (5 buts, 5 passes). Lineker aura inscrit 6 buts sur les 7 de son équipe, en 5 matches.
Mais le match le + récent dont on se souvient le mieux est sans doute 1/8e de finale de la Coupe du Monde 1998.
Un match que les anglais perdront aux tirs au but, malgré le bijou d'Owen, mais aussi à cause d'un David Beckham qui a perdu ses nerfs face au bouillant Diego Simeone.
En 2013, un référendum d'autodétermination a lieu sur les îles.
Malgré un résultat sans appel (99.8% votent 'Oui' pour rester un territoire britannique, soit 3 votent contre au total!), l'Argentine réfute le résultat.
Mais le Brexit pourrait changer les choses.
D'abord, les eaux territoriales regorgent de ressources: halieutiques 🐟, qui constituent le cœur de l'économie des îles, mais aussi en hydrocarbures🛢.
En 2010, des gisements importants de pétrole sont découverts dans la zone.
Or, le Brexit présente un danger pour l'archipel.
~60% du PIB proviennent du commerce de la pêche, secteur compromis car 89% des exportations vont vers l'UE.
La grande biodiversité des îles est aussi menacée, car les aides européennes risquent de manquer à son entretien.
Les opinions divergent, car comme l'indique le géopolitologue Carlos Mele, aucun des deux pays n'a d'intérêt à laisser les îles à l'autre.
Quoi qu'il en soit, la rivalité anglo-argentine, sur et en-dehors du terrain n'a pas fini d'exister.
Matthias Sindelar, celui qui défia le Troisième Reich
Publié 13 janvier 2021
Quand un joueur de football autrichien met au défi le régime nazi. Retour sur son histoire.

Nous sommes le 3 avril 1938. Le Troisième Reich d’Adolf Hitler vient à peine d’envahir et d’annexer l’Autriche, l’Anschluss touche au but. Pour sceller l’opération et rallier le peuple autrichien à sa cause, le régime nazi décide d’organiser un match amical entre les équipes allemande et autrichienne : c’est l’Anschlussspiel. les joueurs reçoivent l’ordre de ne pas marquer, 0-0 étant le score plébiscité pour réaliser la meilleure opération diplomatique possible. C’était sans compter le talent d’un des premiers génies du football, l’autrichien Matthias Sindelar, surnommé le « Mozart du football ». Retour sur ce personnage iconique en Europe Centrale, qui divise encore les historiens.
Matthias Sindelar naît le 10 février 1903 dans une ville tchèque, alors rattachée à l’empire austro-hongrois, avant de déménager pour la capitale de l’empire : Vienne. Il est issu d’une famille très modeste, perd son père parti au combat en 1917 et apprend le football dans les rues viennoises. Il est repéré en 1918 par un membre du Hertha Vienne, qui l’intègre au club dans une des équipes de jeunes, et le jeune Sindelar gravit les échelons jusqu’à entrer en équipe première en 1920. Il fait ses preuves en attaque pendant 3 ans au Hertha, puis se blesse gravement au genou, est licencié par le club alors en difficulté financièrement, et subit une opération importante qui le remet sur pieds.
Libre, il s’engage en 1924 avec l’Austria Vienne, club favori du médecin qui l’a opéré. C’est au sein de l’Austria que Sindelar forge sa légende, en dominant outrageusement le football autrichien (3 coupes d’Autriche d’affilée de 1924 à 1926, 2 championnats en 1924 et 1926), et en confirmant sa réputation déjà acquise au Hertha d’homme « de papier », en raison de son physique chétif et de sa légèreté hors du commun balle au pied. Il deviendra le joueur le plus capé du club, avec plus de 700 matches, et inscrit aux alentours de 600 buts pour l’Austria : des statistiques impressionnantes pour l’autrichien. Dès 1926, il intègre l’équipe nationale autrichienne et se mue en figure de proue de cette Wunderteam, qui domine le football européen jusqu’au milieu des années 1930.
Sindelar n’est donc plus tout jeune lorsqu’il entre sur la pelouse lors de l’Anschlussspiel, le 3 avril 1938 à Vienne, sous les yeux des plus hauts dignitaires nazis. L’Allemagne s’apprête à affronter la toute nouvelle province annexée de l’Ostmark, qui correspond donc à l’Autriche. Le déséquilibre sportif est connu de tous, et pour respecter les directives, les autrichiens sont contraints de ne pas forcer leur talent.
Alors qu’il ne reste qu’un quart d’heure de jeu, et que le score nul et vierge semble être la seule issue possible de cette parodie de rencontre, Sindelar s’empare du ballon et ouvre le score à la 78ème minute, avant d’aller célébrer sa réalisation devant la tribune nazie. Un défenseur autrichien double la mise d’un lob quelques instants plus tard. Fin du match : l’Allemagne, son équipe et les nazis sont publiquement humiliés. La popularité de Sindelar semble empêcher toute répression violente, le régime nazi tente plutôt l’événement à son avantage en utilisant la figure de Sindelar comme celle de l’acceptation autrichienne des envahisseurs.
Dès lors, l’acte divise. Contestation politique ou seul refus de la mascarade sportive ? La mémoire autrichienne a rapidement érigé Sindelar en symbole national de résistance face à l’Allemagne nazie, d’autant plus que celui-ci refuse par la suite d’enfiler le maillot du Troisième Reich. Retrouvé mort en janvier 1939, asphyxié au monoxyde de carbone, dans son appartement, dans des circonstances qui font encore débat, personne n’est en capacité de dire si oui ou non, les nazis auront fini par faire payer de sa vie son insolence au génie.
Lors de ses funérailles, 15 000 personnes défilent dans les rues viennoises pour rendre hommage au grand joueur, mais aussi et même surtout à l’icône nationale qui aura été un des plus grands sportifs, aux côtés de Jesse Owens, à désapprouver et tourner en ridicule la domination nazie. Pour autant, les historiens relativisent la portée politique du but de l’Anschlussspiel. C’est le cas de l’éminent historien du sport Paul Dietschy, et de son homologue autrichien Mattias Marchik, qui voient en Sindelar plus « un défenseur du football viennois qu’un homme avec une conscience politique ». La mémoire immédiate autrichienne prêta également au joueur une foi juive, qui reste encore largement contestée par l’analyse historienne, notamment par le simple fait que jouer l’Anschlussspiel aurait été impossible pour un joueur juif.
Sindelar fait partie des meilleurs footballeurs de son siècle, des meilleurs sportifs de l’histoire de son pays, et son histoire encore teintée d’incertitude a contribué à faire de lui la légende sportive et résistante qu’il est aujourd’hui. S’il faut appréhender avec prudence la signification politique des actes du « Mozart du football », il faut aussi rendre hommage à un virtuose du football qui a, quel qu’en soit le motif, tenu tête à Hitler sur un terrain. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
Pourquoi la Ligue 2 intéresse t-elle tans les investisseurs étrangers ?
Publié 21 janvier 2021
Le club de Nancy a été racheté début janvier par le groupe d’investissement sino-américain NewCity Capital. Avec bientôt Chatearoux c’est près de 10 clubs de Ligue 2 qui seront détenus, tout ou partie, par des investisseurs étrangers. Pourquoi le second échelon du football français intéresse-t-il tant ?

LIGUE 2
La semaine dernière, le club de Nancy a été racheté par NewCity Capital
Avec bientôt Chatearoux c'est près de 10 clubs de Ligue 2 qui seront détenus, tout ou partie, par des investisseurs étrangers.
Pourquoi la Ligue 2 intéresse t-elle tant ?
Avec comme principaux objectifs de :
– faire progresser le football chinois
– créer des partenariats avec de bons clubs formateurs français
– investir le marché du football français en rachetant des clubs à moindre coût maligue2
Pourquoi cet engouement soudain ?
Car les clubs de Ligue 2 ont plusieurs atouts, dont le 1er est économique.
En effet racheter un club de Ligue 2 coûte peu comparé aux centaines de millions d'€ qu'il faut débourser pour un club du Top 5 des championnats européens
2e atout, la bonne structuration des clubs de Ligue 2.
Les investisseurs étrangers récupèrent en général des clubs peu endettés, grâce aux contrôles rigoureux de la DNCG, et qui disposent de bonnes structures d'entraînement et de formation
Avec bien entendu l'idée de faire du bénéficie via la formation
grâce à la vente de futures pépites formées ou dénichées sur le territoire français
Bryan Mbeumo avait notamment rapporté près de 6 M€ à son club formateur (ESTAC) avec son transfert à Brentford en 2019
Le cas de Clermont est révélateur sur 1 autre point puisque son propriétaire A. Schaefer détient également 1 club en Autriche (Lustenau) et au Danemark (Vendsyssel)
Par leurs atouts, les clubs L2 représentent un bel investissement dans la construction d'un réseau de club
Qu'est-ce que le City Football Group ?
C'est une société holding qui gère des clubs de football à l'échelle mondiale.
La société appartient à 78% à l'Abu Dhabi United Group , à 12% à China Media Capital et CITIC Capital et à 10% à la firme américaine Silver Lake
Face à la mise à l'amende du modèle économique du club en 2014 par l'UEFA, Sheikh Mansour va créer le City Football Group dans l'objectif :
– d'attirer de nouveaux capitaux étrangers
– d'acquérir de nouveaux clubs partout dans le monde dans des villes stratégiques
Une fois en place à Man City en 2012 Soriano va pouvoir mettre en place son idée, avec le soutien du Sheikh Mansour.
Celle de créer 1 marque mondiale, avec de nombreuses marques locales, pour développer des talents grâce à un réseau de club qui fournirait des joueurs à Man City.
Selon la participation dans les clubs, la stratégie du City Football Group peut être différente.
Comme cela peut être le cas avec les clubs de Sichuan Jiuniu ou de Mumbay City pour intégrer les nouveaux marchés footballistiques prometteurs de la Chine et de l'Inde.
Dans le cas de l'ESTAC, l’objectif du City Football Group est triple :
– intégrer le marché du football français avec son fort bassin de joueurs et son système de formation réputée
– développer la marque City Football Group
– installer le club durablement en Ligue 1
Un rachat qui va s'inscrire dans la construction du réseau de clubs voulu par A. bin Mosaad
Cet investissement privé saoudien est donc à différencier de ceux de l'Etat saoudien ,via le PIF, qui souhaite avant tout racheter un club en Angleterre
Les récents rapprochements diplomatiques entre le Qatar et l'Arabie Saoudite pourraient permettre la reprise des discussions sur le rachat de Newcastle par le fonds d'investissement souverain.
Rachat en partie bloqué à l'époque par BeIN Sports
"L'idée de Bahreïn , c'est de se présenter comme une destination touristique. De faire connaitre Bahreïn en utilisant le sport, et notamment le sport de masse, comme la F1, le cyclisme. Et cela à moindres coûts."
Bien que le cas de Caen soit un peu différent puisque le projet est porté par le local Pierre-Antoine Capton pacapton qui a convaincu Oaktree Capital d'investir au Stade Malherbe.
Avec donc peut-être un investissement sur le plus long-terme.
A voir donc pour ces derniers cas si ces groupes d'investissements américains vont rester dans la durée et ne pas trop altérer l'identité de ces clubs historiques.
Le cas de King Street à Bordeaux laissant en des souvenirs amers d'une telle expérience
En attendant, on l'espère, de trouver de nouvelles solutions pour réinventer le modèle économique du football français ultra-dépendant des fluctuations des revenus liés aux droits TV et aux indemnités transferts des joueurs vendus Cultures Monde.
Gabriel Hanot, aux origines de la Ligue des Champions
Publié 10 août 2022
Gabriel Hanot s’est éteint il y a 54 ans, le 10 août 1968. Il fut l’un des « pères » fondateurs à l’origine de la création de la Coupe des clubs champions européens, l’ancêtre de la Ligue des Champions, en 1955 dans une Europe en pleine construction.
Qui était Gabriel Hanot ?
Né le 6 nov. 1889 à Arras il est d’abord un footballeur international français ? de 1908 à 1919.
Il inscrit d’ailleurs les 2 buts de l’équipe de France lors du 1er match international d’après-guerre (2-2 contre la Belgique ?゚) le 9 mars 1919.

À 30 ans, il stoppe sa carrière suite à une blessure due à un accident d’aviation.
Hanot poursuit toutefois dans le sport puisque il va devenir journaliste sportif au Miroir des Sports puis à L’Équipe.
Il ne reste toutefois jamais loin des terrains puisqu’il contribue à l’adoption du professionnalisme dans le football français en 1932.
Gabriel Hanot devient même sélectionneur de l’équipe de France aux côtés de Gaston Barreau entre 1945 et 1949.
L’influent journaliste suit également de près l’essor du football international.
En 1934, il lance l’idée pour la première fois l’idée d’une coupe d’Europe des clubs de football, grâce aux progrès de l’aviation.

Une idée qui commence à émerger à l’époque.
Déjà en 1927, Henri Delaunay, secrétaire général de la Fédération française de football pousse à l’organisation d’un tournoi international entre les différentes sélections nationales sur le continent européen.
Il faut dire que le tournoi olympique de football génère de plus en plus d’attention et de revenus (presque 1/3 des revenus des JO d’Amsterdam 1928).
Avec l’essor du professionnalisme, la FIFA organise sa propre compétition en dehors des JO avec la Coupe du Monde 1930 en Uruguay.
Le long voyage en Amérique du Sud et une certaine arrogance vont faire que peu de pays européens participeront à ce 1er Mondial (4 sur 13 participants).
Pire, une « Coupe des Nations » est organisée sur la même période en 1930 entre différents clubs européens.

Ce tournoi de clubs européens est toutefois un prémisse dans la construction et la fédération du football en Europe.
Il faudra toutefois attendre à partir de 1945, après Seconde guerre mondiale, pour voir cette idée relancée.
À la sortie de la guerre, l’Europe de l’Ouest entreprend une construction économique et politique européenne.
Pendant ce temps, 3 autres hommes vont élaborer l’union sportive du continent : l’italien Ottorino Barassi, le belge José Crahay et le français Henri Delaunay.
À travers cette union, ils cherchent à :
- contrer le leadership de l’Amérique du Sud dans le football (la finale de la Coupe du Monde 1950 a opposé l’Uruguay au Brésil)
- poursuivre le rapprochement des nations depuis notamment la création de la CECA en 1952
Cette union se concrétise le 15 juin 1954 à Bâle avec la création de l’Union des associations européennes de football (UEFA).
30 fédérations de football y prennent part, même au-delà du « rideau de fer » la présence de pays du bloc de l’Est.

Avec la création de l’UEFA, on pourrait se dire qu’une compétition européenne serait rapidement mise en place pour marquer le coup.
Malheureusement, la mort du visionnaire Henri Delaunay en 1954, devenu le premier secrétaire général de l’UEFA, retarde ce projet.
C’est là que nous revenons à Gabriel Hanot.
En décembre 1954, le Daily Mirror proclame que le club anglais de Wolverhampton mérite le titre de « Champion du monde des clubs » après deux victoires contre le Budapest Honvéd et le Spartak Moscou.
Le journaliste français réplique.
Gabriel Hanot, rédacteur en chef de L’Equipe, va faire publier alors une série d’articles pour pousser à la création d’une coupe européenne des clubs.
Pour prouver que l’hégémonie britannique sur le ballon rond est loin d’être acquise.
Mais pas seulement.

Jacques Ferran, autre journaliste instigateur de ce projet, dira même :
» Comment l’Europe, qui voulait être devant le reste du monde, ne pourrait-elle pas pour accomplir une compétition du même genre que celle d’Amérique du Sud ? Nous devions suivre cet exemple. «
Le 16 décembre 1954 le journaliste de L’Equipe Jacques de Ryswick signe un article présentant le « projet de coupe d’Europe interclubs « .
Face au réactions enthousiastes, le journal rédige dès 1955 un règlement et la liste des clubs invités à disputer la 1ère édition.
La FIFA n’est pas opposée à l’idée.
Quant à l’UEFA, surprise, elle laisse à chaque fédération le libre choix de participer ou non à la compétition.
Pour les convaincre, il est laissé le soin aux fédés participantes de choisir elles-mêmes l’équipe qui la représentera.

(À noter qu’aucun club anglais ne participe. L’UEFA et l’Equipe tentent de convaincre la Fédération anglaise de football (FA) mais rien n’y fait. Le club de Chelsea est pourtant partant mais son forfait est rendu officiel le 26 juillet 1955).
Le 3 avril 1955, G. Hanot, le journal L’Équipe et les présidents des clubs européens participants actent ainsi la création de la « Coupe des clubs champions européens ».
Qui n’est ni plus ni moins que l’ancêtre de la Ligue des Champions que nous connaissons aujourd’hui.
La 1ère édition de cette Coupe d’Europe rassemblant 16 équipes se déroule à cheval entre les années 1955 et 1956.

Le 1er vainqueur est le Real Madrid, suite à sa victoire en finale 4-3 face au Stade de Reims au Parc des Princes.
Cette 1ère édition d’une Coupe d’Europe des clubs attirera plus de 800 000 spectateurs (et d’autres suivront puisque nous attaquons pour la saison 2022-2023 la 68e édition).
Ce succès fera germer l’idée d’un Championnat d’Europe des Nations, l’Euro, créé en 1960 par l’UEFA.
Quant à Gabriel Hanot, il créé en 1956 une récompense pour désigner le meilleur footballeur de l’année, le « Ballon d’Or ».
La dernière œuvre d’ampleur de ce « père » fondateur de la Ligue des Champions, qui s’éteint le 10 août 1968 à l’âge de 78 ans.

Leipzig, Salzbourg et la galaxie Red Bull
Publié 6 septembre 2022
Pour cette saison 2022-2023, une nouvelle fois, les deux équipes Red Bull (Leipzig et Salzbourg) disputent la Ligue des Champions. Pourquoi ces clubs peuvent y participer alors même que le fait qu’elles fassent partie d’une même entité, la galaxie Red Bull, puisse faire craindre un éventuel conflit d’intérêts ?
Red Bull est une société autrichienne créée en 1984 par Dietrich Mateschitz et rendu célèbre grâce à la vente de boissons énergisantes. En 2019 c’est près 7,5 milliards de canettes Red Bull qui ont été vendues dans le monde dans plus de 171 pays.

Mais surtout la marque Red Bull s’associe depuis plusieurs années aux événements sportifs afin de favoriser son message commercial (le dépassement de soi) autour de son produit phare. Un message plus connu sous le slogan « Red Bull donne des ailes ».
Red Bull parraine donc de nombreux événements liés aux sports extrêmes (escalade, BMX, ski, skateboard…) Le plus médiatique d’entre eux restant sans doute Red Bull Stratos, où le parachutiste Felix Baumgartner a fait un saut historique depuis la stratosphère.

Comme l’explique le fondateur Mateschitz : « Dès la 1ère seconde où j’ai inventé Red Bull, j’avais tout en tête : communiquer autour d’événements sportifs extrêmes, lier la boisson aux sports d’extérieur… »
La stratégie de Red Bull ne s’arrête pas qu’à l’organisation d’évènements sportifs pour faire rayonner sa marque. En 2005 la société devient carrément propriétaire d’une écurie de Formule 1 : « Red Bull Racing », qui glanera plusieurs titres grâce à Sebastian Vettel et Max Verstappen.
À cette même période, Red Bull investit dans le football et rachète le club du SV Austria Salzburg, ville où est installée le siège du groupe. L’équipe abandonne ses couleurs et son nom pour devenir un élément à part entière de la marque :
Le Red Bull Salzbourg.

À peine 1 an plus tard, en 2006, Red Bull poursuit sur sa lancée et rachète l’équipe des MetroStars de New York. Là encore l’équipe abandonne son nom et ses couleurs et devient le New York Red Bulls.
Les succès des deux équipes sur leurs terrains nationaux sont au rendez-vous, mais le fondateur de Red Bull veut un championnat plus médiatique afin de faire grandir la marque de son entreprise.
Le choix va se porter sur Leipzig, une villes hôtes de la la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, et le club du Sachsen Leipzig qui végète en 4e division. Les négociations n’aboutiront finalement pas, sous la pression des supporters qui ne voulaient pas perdre l’âme de leur club.
Red Bull trouve finalement son bonheur en 2009 en rachetant le SSV Markanstädt pour 350 000 euros, petit club amateur de la banlieue de Leipzig alors en D5 allemande.
Un club qui va être renommé RB Leipzig.

RB et non Red Bull ?
En effet, la législation allemande interdit aux clubs d’avoir comme nom une entreprise.
La parade est tout de même trouvée, RB signifiant RasenballSport mais faisant tout de même écho à Red Bull.
Le club va très vite monter les échelons du football allemand puisqu’en à peine 7 ans, le RB Leipzig va grimper 5 divisions pour atteindre ainsi la Bundesliga lors de la saison 2016-2017.
L’année suivante le club participe à sa toute 1ère Ligue des Champions.
Malgré ces succès sportifs, le RB Leipzig n’en reste pas moins un club « détesté » à ses débuts.
Il lui est notamment reproché d’être un « club en plastique », monté de toute pièce par les millions de Red Bulll, et aussi de contourner la règle du 50+1.

Cette règle stipule que les clubs doivent appartenir à leurs membres qu’ils doivent conserver la majorité des votes lors de l’assemblée générale.
Cela empêche un investisseur privé de posséder + de 49% des parts d’un club, et donc de le contrôler.
Toutefois au RB Leipzig, si les 49% du club appartiennent bien à l’entreprise Red Bull, les 51% restants appartiennent à un « comité indépendant » de 21 membres, employés de la société Red Bull. En comparaison le Bayern compte 293 000 membres.
(Pour être complet, des exceptions existent à cette règle du 50+1. Notamment si l’investisseur privé possède des parts dans le club depuis plus de 20 ans. Comme c’est le cas avec Bayer à Leverkusen ou Volkswagen à Wolfsburg)
Un autre problème se pose lors de l’édition 2017-2018 de la Ligue des Champions.
Salzbourg et Leipzig y sont qualifiés et cela soulève la question d’un éventuel conflit d’intérêts en raison de la relation sportive étroite et du niveau d’influence exercé par Red Bull.
Après enquête, l’UEFA autorise les 2 équipes à participer à la compétition. Le groupe Red Bull n’est « officiellement » plus propriétaire de Salzbourg, ayant abandonné toute fonction dirigeante là-bas pour ne garder qu’un « simple » contrat de sponsoring.
Toutefois, pour concourir dans les compétitions UEFA, Salzbourg doit retirer le logo Red Bull de son maillot.
Ainsi les deux clubs peuvent participer aux Coupes d’Europe, et se sont même affrontés lors de l’Europa League 2018-2019.

Il est à noter les bonnes performances des clubs Red Bull :
- Salzbourg / demi-finaliste de l’EuropaLeague 2017-2018
- Leipzig / demi-finaliste de la LiguedesChampions 2019-2020 et de l’EuropaLeague 2021-2022
Une réussite sportive qui n’est pas seulement due aux millions de Red Bull.
Le modèle Red Bull repose sur un large réseau de scouting pour dénicher les meilleurs jeunes joueurs à fort potentiel et à moindre coût, comme les cas Erling Haaland ou Ibrahima Konaté.
Pour ensuite développer ces joueurs sur le moyen terme autour d’un projet de jeu spectaculaire (en référence à la marque) et commun à tous les clubs. Une « révolution » mise en place dès 2012 par le directeur sportif du projet Red Bull Ralf Rangnick.

Ces jeunes joueurs, une fois recrutés par la galaxie Red Bull, peuvent faire leur gamme dans le club de Salzbourg ou encore dans son équipe réserve, le FC Liefering acquis en 2012 par Red Bull, avant de s’envoler vers l’Allemagne et Leipzig.
Un chemin suivi par l’international français Dayot Upamecano : « Si tu réalises une grosse performance avec Liefering, tu peux te retrouver dans le groupe de Salzbourg la semaine suivante. »
Les liens entre le Red Bull Salzbourg et le RB Leizpig sont aussi très présents, comme en témoigne les nombreux transferts entre les deux clubs.
Naby Keïta, Dayot Upamecano, Dominik Szoboszlai ou encore le récent transfert de Benjamin Sesko de Salzbourg à Leipzig.

Un modèle qui fonctionne grâce aux importantes plus-values réalisées avec la vente des joueurs aux plus grands clubs européens. Ce qui permet au RB Leipzig, vitrine sportive de l’empire Red Bull, d’être à la fois rentable tout en restant compétitif.
La galaxie Red Bull n’en finit plus de s’étendre avec désormais 5 clubs sous son contrôle :
- RB Salzbourg
- New York RB
- RB Leipzig
- FC Liefering
- RB Bragantino
- création d’une académie au Ghana
- un partenariat avec le club indien de Goa

Avec cette galaxie de clubs, l’idée est bel et bien pour Red Bull de créer un projet de jeu, une identité commune et surtout une marque interclub mondiale.
Un concept selon lequel toutes les équipes jouent sous une seule et même bannière quel que soit le continent.
Cela a déjà été mis en place par par le City Football Group et ses clubs satellites. Un exemple de « glocalisation », c’est à dire prendre un produit mondial et s’adapter aux marchés locaux.
Pour qu’ainsi un fan de Girona ou de New York devienne un fan du projet City.

Tout le paradoxe de l’empire football Red Bull football est là.
D’un côté ses clubs prennent le temps de développer les joueurs et un projet de jeu alors que la tendance est plus à la précipitation quant un important investisseur privé arrive dans le club.
De l’autre l’accélération de la marchandisation du football avec la multiplication des réseaux et des cas de multipropriété de clubs.
Où les clubs ne sont plus que des franchises d’une marque pour promouvoir ses produits et ses contenus à une audience toujours plus importante autour du sport le plus populaire du monde.
Qarabağ FK : club symbole du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh
Publié 15 septembre 2022
Le FC Nantes affronte ce soir le club azerbaïdjanais du Qarabağ FK. Un club est né dans la ville d’Agdam, dans le Haut-Karabakh, région symbolique du conflit et des récentes tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le Qarabağ FK a été fondé en 1951 à Agdam dans la région du Haut-Karabakh. À partir de 1988, cette zone, alors présente dans la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan, va être le théâtre d’importants combats lors de la 1ère guerre du Haut-Karabakh.

Ce conflit et les suivants dans le Haut-Karabakh trouvent leurs origines à la fin de la 1ère Guerre mondiale. L’Azerbaïdjan et l’Arménie vont alors sortir de la Fédération transcaucasienne et proclamer leur indépendance, le même jour, le 28 mai 1918.
Rapidement, une guerre éclate entre les deux pays, qui revendiquent des territoires qu’ils jugent comme étant historiquement et ethniquement les leurs, à l’image du Haut-Karabakh. Ils seront finalement annexés et intégrés à l’URSS, qui met fin au conflit pour un temps.
Staline décide seul que la région du Haut-Karabakh, peuplé en majorité d’Arméniens chrétiens, revienne à la RSS d’Azerbaïdjan, à majorité musulmane. Ce n’est que lorsque l’Union soviétique s’effondre à la fin des années 1980, que les velléités nationalistes ressurgissent.

En 1988, les Arméniens du Haut-Karabakh, majoritaire dans la région, se mobilisent pour rejoindre l’Arménie ce qui entraîne une série de violences avec les Azerbaïdjanais. C’est le début de la 1ère guerre du Haut-Karabakh, qui perdure au-delà de la dissolution de l’URSS.
En 1991, l’Arménie et l’Azerbaïdjan déclarent leur indépendance. Les Arméniens du Haut-Karabakh font de même en proclamant la République d’Artsakh, avec l’intention de faire sécession de l’Azerbaïdjan et s’unir avec l’Arménie, ce qui va durcir l’intensité des conflits.
Finalement, un cessez-le-feu parvient à être négocié en 1994 par la Russie. Depuis les négociations pour la résolution du conflit ont pour cadre le Groupe de Minsk, coprésidé par la France, la Russie et les États-Unis, sans qu’une solution durable n’ait pu être trouvée.

Cette 1ère guerre du Haut-Karabakh fragilise les 2 jeunes républiques et déplace des milliers de personnes. En particulier à Agdam, ville où a été fondé le club de Qarabağ FK, qui est située près de la ligne de front et dont les env. 30 000 habitants vont fuir la guerre.
La population azerbaïdjanaise d’Agdam s’exile elle aussi, en particulier à Bakou capitale de l’Azerbaïdjan. Le club du Qarabağ FK suit le même chemin et garde son nom pour être le relai des revendications azerbaïdjanaises pour que le Haut-Karabakh revienne sous son giron.
Depuis le cessez-le-feu de 1994, le Haut-Karabakh est en effet un territoire qui n’est pas sous le contrôle de l’Arménie ou de l’Azerbaïdjan. La majeure partie est gouvernée par la « République d’Artsakh », autorité non reconnue par aucun État membre de l’ONU.

Le Qarabağ FK basé à Bakou devient quant à lui peu à peu l’un des meilleurs clubs d’Azerbaïdjan. En particulier depuis sa reprise en 2001 par l’une des plus grandes sociétés du pays, Azersun Holding :
- 6 coupes depuis 2005
- 8 championnats depuis 2013
Le Qarabağ FK installe progressivement le nom de l’Azerbaïdjan sur la scène européenne, avec une 1ère participation à l’Europa League 2014-15. Surtout c’est le tout 1er premier club azerbaïdjanais à se qualifier pour la phase de groupe de la Ligue des champions, 2017-2018.
Des réussites sportives à mettre au crédit d’Azersun Holding. Mais aussi de l’entraîneur local Gurban Gurbanov, ex grand international, qui développe un style de jeu inspiré du Barça, ce qui donne pour l’équipe le surnom de « Barcelone du Caucase ».

Ainsi, l’an dernier, le Qarabağ FK devient le 1er club d’Azerbaïdjan à atteindre une phase finale de Coupe d’Europe, avec la Conference League Le club affronte alors l’Olympique de Marseille mais s’incline.
Cette double confrontation a remis en avant le contexte politique du Qarabağ FK. Marseille étant une ville avec une forte diaspora arménienne des drapeaux de l’Arménie et une banderole « Qarabag is Armenia » avaient été déployés au stade Vélodrome.
L’UEFA, qui jugeait ce message comme politique, a sanctionné le club de Marseille. Elle reste en effet extrêmement prudente sur cette question, interdisant les rencontres entre les équipes et les sélections arméniennes et azerbaïdjanaises.
Qarabağ FK est donc plus qu’un club. Il parvient à placer l’Azerbaïdjan sur la scène internationale grâce au football mais est aussi un symbole politique : Celui du conflit dans le Haut-Karabakh, qui alimente les tensions arméno-azerbaïdjanaises et qui n’a pas encore été résolu.

(Le football est également un relai pour les partisans de l’indépendance de la « République d’Artsakh ». Une équipe nationale a été créée et participe à des matchs depuis 2012. Une Coupe d’Europe de la CONIFA a même été organisée en 2019 dans le Haut-Karabakh.)

En 2020, Qarabağ FK avait défrayé la chronique : Nurlan Ibrahimov, responsable de la communication du club, avait posté sur les réseaux sociaux un message incitant au meurtre des Arméniens. Le club a dénoncé ces propos et l’UEFA l’a banni à vie.
La même année, en 2020, une nouvelle guerre éclate après des années de conflits frontaliers. Un cessez-le-feu est signé mais l’accord contraint l’Arménie à restituer les territoires occupés restants entourant le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan.
Ce conflit revient dans l’actualité avec de nouvelles attaques le 12 septembre 2022, dont les deux pays s’accusent mutuellement, à la frontière et sur le territoire arménien. La Russie annonce avoir négocié une trêve mais les deux camps s’accusent de l’avoir violée.
Une nouvelle escalade à analyser sous le prisme des difficultés de la Russie dans sa guerre en Ukraine. La puissance russe n’a peut-être plus le temps et les moyens d’être la gardienne de la paix de son pré carré du Caucase.
Si une nouvelle guerre veut être évitée, les importantes ressources en pétrole et en gaz de l’Azerbaïdjan sont à prendre en compte dans les réactions internationales. Alors que les pays européens cherchent à sortir de la dépendance russe.
Ce conflit sera au coeur des discussions du sommet l’Organisation de coopération de Shanghai qui se tient en ce moment en Ouzbékistan. Outre la Chine il réunit les puissances russe, turque et iranienne. Ainsi que l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Quant au match de ce soir, le contexte autour des nouvelles attaques entre l’Armenie et l’Azerbaïdjan sera évidemment plus que présent lors de ce Qarabag – FC Nantes. Guran Gurbanov, entraîneur de l’équipe azerbaïdjanaise, a notamment souligné en conférence de presse :
« C’est très dur pour moi de parler aujourd’hui devant vous, parce que cinquante des nôtres sont morts dans le conflit il y a quelques heures, qu’il y a une guerre à la frontière, et jusqu’à ce matin je ne me suis intéressé qu’à ça, à ces si jeunes soldats qui sont décédés. Nous jouerons pour eux, nous jouerons pour l’Azerbaïdjan. »
Sortie 27 Septembre : Tome II / Football Club Geopolitics
Publié 20 septembre 2022
Un nouveau livre ! Après de nombreux mois de travail je suis très heureux de vous annoncer la sortie de mon 2ème livre le 27 septembre prochain : Football Club Geopolitics, 22 Histoires insolites sur la Coupe du Monde de football aux éditions Max Milo et préfacé par Romain Molina.

À travers 22 récits, je vous emmène à la genèse de la Coupe du Monde de football.
De l’obscur tournoi olympique de 1900 à la consécration de la nation uruguayenne en 1930 pour la 1ere édition de la Coupe du Monde.
Ensuite c’est un voyage à travers le temps et les continents pour explorer les dessous géopolitique des Coupes du Monde.
Jusqu’à l’édition qatarie tant décriée, prévue fin 2022 :
- Des matchs géopolitique /
- Des « batailles » tant sur le terrain qu’en dehors / ☭
- Des grandes épopées …
Rendez-vous le 27 septembre pour en savoir plus.
