Décès de Abdelmalek Benhabylès, ancien président du Conseil constitutionnel

Un militant de la première heure pour l’indépendance de l’Algérie
Abdelmalek Benhabylès, figure marquante de la vie politique et diplomatique algérienne, est décédé ce vendredi 28 décembre 2018 à l’âge de 97 ans, selon des membres de sa famille. Son parcours est étroitement lié à l’histoire de l’Algérie contemporaine, et son engagement a commencé bien avant l’indépendance. Militant nationaliste de la première heure, il a été successivement membre du Mouvement national algérien (MNA), du Parti du peuple algérien (PPA) et du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Ces différentes affiliations témoignent de sa détermination à œuvrer pour la libération du pays et la défense des droits des Algériens, à une époque marquée par la lutte contre la colonisation française.
Une carrière diplomatique au service de la jeune République
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Abdelmalek Benhabylès embrasse rapidement une carrière diplomatique, dans un contexte où l’État algérien nouvellement souverain cherche à affirmer sa place sur la scène internationale. Il est ainsi nommé ambassadeur dans plusieurs capitales stratégiques : d’abord à Tunis, un poste-clé compte tenu des liens historiques et politiques entre l’Algérie et la Tunisie, puis à Tokyo, où il contribue à renforcer les relations entre l’Algérie et le Japon, notamment sur les plans économique et culturel. Par la suite, il représente également son pays à Berne, au cœur de la Suisse, un État reconnu pour sa neutralité diplomatique. Enfin, il exerce les fonctions d’ambassadeur au Vatican, ce qui illustre la diversité de ses compétences et sa capacité d’adaptation à des contextes géopolitiques variés.

Djamel Houhou avec Abedelaziz Bouteflika, Abdelmalek Benhabylès et Ahmed Medeghri/
Son expérience et son sens du service public l’amènent ensuite à occuper des fonctions importantes au sein du gouvernement algérien. De 1977 à 1979, il est ministre de la Justice, une période durant laquelle il participe à la mise en place ou au renforcement de cadres législatifs dans un pays encore en pleine structuration institutionnelle. À l’issue de ce mandat, il est nommé Secrétaire général de la Présidence de la République en 1979, un poste stratégique qui témoigne de la confiance placée en lui au plus haut niveau de l’État. À travers ces différentes attributions, Abdelmalek Benhabylès contribue à façonner l’architecture politique et administrative de l’Algérie, en veillant au respect des principes de souveraineté et d’indépendance nationale.
Un défenseur des institutions et des droits fondamentaux
Parallèlement à son parcours au sommet de l’État, il s’illustre dans le domaine des droits humains. Il est ainsi l’un des membres fondateurs de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH). Cet engagement associatif met en évidence son souci constant de protéger les libertés fondamentales et de garantir une justice équitable pour tous les citoyens. Son action ne se limite donc pas à la sphère étatique : il œuvre pour que les idéaux démocratiques et les droits fondamentaux demeurent au cœur de la construction nationale.
Toutefois, c’est sans doute son rôle de président du Conseil constitutionnel qui reste gravé dans la mémoire collective. Il occupe cette fonction lors d’une période particulièrement délicate : l’interruption du processus électoral et la démission du président Chadli Bendjedid, survenue le 11 janvier 1992. Dans ce contexte de crise, la responsabilité du Conseil constitutionnel est cruciale, car il constitue l’une des plus hautes instances de régulation des institutions. Abdelmalek Benhabylès se trouve ainsi au premier plan pour veiller au respect des équilibres constitutionnels et institutionnels, alors que le pays traverse une phase d’incertitude politique profonde.

Ces personnalités politiques qui étaient présentes aux obsèques de Abdelmalek Benhabylès.
Le décès de cet homme d’État met donc en lumière le parcours hors du commun d’un acteur essentiel de l’histoire algérienne, à la fois sur le front de la diplomatie, de la justice et de la protection des droits humains. Son engagement témoigne de la complexité des combats menés pour bâtir une Algérie indépendante, moderne et respectueuse des libertés publiques. Sa disparition, à l’âge de 97 ans, rappelle aussi la longévité de ces grands témoins de la lutte anticoloniale, dont le parcours se confond avec la genèse de la République algérienne.
Abdelmalek Benhabylès sera inhumé ce samedi au cimetière de Bouzaréah à Alger, après la prière d’El Dohr. Les hommages se multiplient, rendant grâce à sa contribution au sein des institutions et à son dévouement au service de la nation. Ceux qui l’ont connu, que ce soit dans le cadre de la lutte de libération, de la diplomatie ou de ses diverses fonctions gouvernementales, soulignent la rigueur de son engagement et sa volonté de faire prévaloir l’intérêt général. À travers son parcours, il laisse l’image d’un serviteur de l’État, soucieux d’équilibre, de justice et d’ouverture. Son héritage demeure une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures, en rappelant l’importance de préserver la cohésion nationale et de poursuivre les idéaux qui ont jalonné la longue marche de l’Algérie vers la souveraineté et la stabilité.