Alain Delon

Informations clés

Biographie

Alain Delon est né le 8 novembre 1935 à Sceaux, près de Paris, dans une famille modeste. Son père, Fabien Delon, était directeur du cinéma de quartier « Le Régina » à Bourg-la-Reine, et sa mère, Édith Arnold (née Arnold), était préparatrice en pharmacie et travaillait aussi comme ouvreuse dans ce même cinéma. Ses parents divorcent alors qu’il a quatre ans. Il est d’abord confié à une famille d’accueil avant de retourner vivre avec sa mère et son beau-père. Élève turbulent, il fréquente plusieurs écoles catholiques mais en est régulièrement renvoyé pour indiscipline.

À quinze ans, il quitte définitivement l’école et commence à travailler comme apprenti charcutier. En 1953, à l’âge de dix-sept ans, il s’engage dans la Marine nationale et sert pendant quatre ans. Il est envoyé en Indochine, où il travaille comme fusilier marin, une expérience qui le marque profondément. À son retour en France, il cherche un nouveau départ et s’installe à Paris, sans idée précise de carrière, mais avec le désir de construire une vie meilleure et de trouver sa voie.

Carrière d’acteur

La carrière de Delon débute dans un contexte où le cinéma français cherche à se renouveler. Il s’impose rapidement grâce à son jeu intense et sa présence à l’écran. Avec le temps, il devient une figure incontournable, collaborant avec des réalisateurs comme Jean-Pierre Melville ou Luchino Visconti.

Débuts : 1957–1958

La première œuvre d’Alain Delon fut son rôle dans Quand la femme s’en mêle de Yves Allégret en 1957. Quelques mois plus tôt, il avait été invité au Festival de Cannes par des amis et repéré par un agent qui lui fait signer son premier  contrat. Son jeu naturel et son physique marquant séduisent le public et les réalisateurs.

En 1958, il obtient le rôle principal dans Christine, où il donne la réplique à l’actrice austro-allemande Romy Schneider. Leur relation passionnée attire l’attention des médias et participe à son image de star montante. À la fin de 1958, Delon est déjà considéré comme l’un des jeunes premiers les plus prometteurs.

Renommée internationale : 1959–1964

En 1960, Alain Delon accède à la notoriété mondiale grâce à son rôle de Tom Ripley dans Plein Soleil de René Clément, adaptation du roman de Patricia Highsmith. Le film est un succès critique et commercial. Il tourne ensuite Rocco et ses frères de Luchino Visconti en 1960, où il joue Rocco Parondi, rôle salué à la Mostra de Venise. En 1962, il collabore avec Michelangelo Antonioni pour L’Éclipse aux côtés de Monica Vitti. En 1963, il retrouve Visconti dans Le Guépard, Palme d’or au Festival de Cannes. En 1964, il partage l’affiche avec Jane Fonda dans Les Félins de René Clément.

Années hollywoodiennes : 1964–1966

Entre 1964 et 1966, Alain Delon tente sa chance à Hollywood. En 1965, il tourne dans Once a Thief de Ralph Nelson, où il partage l’affiche avec Ann-Margret et Van Heflin. Le film reçoit des critiques mitigées, mais la presse américaine souligne le charme et la présence physique de Delon. La même année, tourne dans Lost Command de Mark Robson, adaptation de Les Centurions, aux côtés d’Anthony Quinn et de Claudia Cardinale, avec un tournage réalisé en Espagne et à Paris. Le film, sorti en 1966, connaît un bon succès au box-office américain et installe Delon auprès du public international.

En 1966, il incarne un cow-boy dans la comédie western Texas Across the River aux côtés de Dean Martin ; Delon avouera plus tard avoir accepté ce rôle pour l’expérience, même si le ton comique n’était pas son registre préféré. Il apparaît également dans le thriller Diaboliquement vôtre (1967), où la critique française loue sa performance psychologique.

Retour en France : 1967–1971

De retour en France, Alain Delon tourne en 1967 Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, où il incarne Jef Costello. Le film, salué par la critique pour son style épuré et sa mise en scène minimaliste, est aujourd’hui considéré comme un classique du polar. En 1968, il joue dans La Piscine de Jacques Deray aux côtés de Romy Schneider ; le film est un grand succès en salles et confirme leur statut de couple mythique du cinéma. En 1970, il produit et joue dans Borsalino avec Jean-Paul Belmondo. Ce film devient l’un des plus gros succès du box-office français de la décennie.

Années 1970

Au début des années 1970, Alain Delon fonde sa propre société de production et prend le contrôle artistique de ses projets. En 1970, il coproduit et joue dans Borsalino, dont le succès entraîne la signature d’un important contrat de distribution internationale. En 1972, il retrouve Jacques Deray pour Un homme est mort, film sélectionné à Cannes dans la section hors compétition. En 1973, il tient le rôle principal de Tony Arzenta dans Les Grands Fusils de Duccio Tessari, un polar sombre qui lui permet d’explorer un registre plus tragique et introspectif.

En 1976, il obtient un grand succès critique avec Monsieur Klein, dont la mise en scène de Joseph Losey est qualifiée de chef-d’œuvre par la presse spécialisée. À la fin de la décennie, Delon devient l’un des acteurs les mieux payés d’Europe.

Années 1980–1990

Dans les années 1980, Alain Delon diversifie ses choix artistiques. En 1981, il passe derrière la caméra avec Pour la peau d’un flic, qu’il réalise, produit et interprète. Le film rencontre un bon accueil public, attirant plus de 1,5 million de spectateurs. Delon expliquera plus tard qu’il voulait offrir un polar réaliste et violent, inspiré par ses lectures de romans noirs. En 1983, il réalise également Le Battant, où il joue un braqueur en quête de rédemption. Ce deuxième essai de mise en scène confirme son goût pour les personnages solitaires et ambigus.

En 1984, il joue dans Notre histoire de Bertrand Blier, rôle qui lui vaut le César du meilleur acteur. En 1985, il tourne Parole de flic, qui dépasse les deux millions d’entrées en France. À la fin des années 1980, il collabore avec Volker Schlöndorff pour Un amour de Swann, adaptation de Proust saluée pour sa fidélité esthétique. Dans les années 1990, il apparaît dans Le Retour de Casanova et Un crime de Jacques Deray, explorant des rôles plus introspectifs.

Derniers rôles : 2000–2020

Dans les années 2000, Alain Delon réduit fortement son activité cinématographique. En 2001, il joue dans Fabio Montale, une mini-série télévisée à succès inspirée des romans de Jean-Claude Izzo, qui rassemble des millions de téléspectateurs. Après ce projet, il s’accorde une longue pause, ne tournant aucun film pendant plusieurs années. En 2008, il revient sur scène dans Love Letters avec Anouk Aimée, spectacle qui connaît une tournée triomphale. En 2008, il participe à Astérix aux Jeux olympiques, où il prête ses traits à Jules César, rôle qui amuse le public et marque sa dernière grande apparition au cinéma.

En 2019, il reçoit la Palme d’honneur au Festival de Cannes pour l’ensemble de sa carrière. Après un AVC en 2019, il se retire presque totalement de la vie publique, apparaissant seulement lors de rares interviews télévisées.

Vie personnelle

La vie personnelle d’Alain Delon a été très médiatisée. Il entretient une relation célèbre avec Romy Schneider de 1958 à 1963. Il épouse ensuite Nathalie Delon en 1964; leur fils Anthony naît la même année, le couple divorce en 1969. De 1968 à 1983, il partage sa vie avec Mireille Darc. Avec le mannequin néerlandaise Rosalie van Breemen, il a deux enfants, Anouchka (1990) et Alain-Fabien (1994). Delon n’a jamais reconnu la paternité d’Ari Boulogne, fils de la chanteuse Nico, malgré les affirmations répétées de celui-ci. 

Activités commerciales

Alain Delon a bâti un véritable empire autour de son nom. Dans les années 1970, il lance son premier parfum masculin, rapidement suivi d’une gamme complète de produits de beauté et d’après-rasages. Dans les années 1980 et 1990, la marque « Alain Delon » s’étend à des lignes de lunettes de soleil, montres, vêtements et accessoires de luxe. Au Japon et en Asie du Sud-Est, ces produits connaissent un immense succès, certaines séries étant écoulées à des millions d’exemplaires. Delon contrôle étroitement l’image de la marque, validant les campagnes publicitaires et les licences. 

Faits intéressants

En 1968, l’assassinat de Stevan Markovic, ancien garde du corps d’Alain Delon, provoqua un scandale national. Son corps fut retrouvé près d’Élancourt, accompagné d’une lettre mettant en cause plusieurs personnalités, dont Delon et François Marcantoni. L’affaire entraîna auditions, perquisitions et une forte couverture médiatique. Delon fut entendu comme témoin mais ne fut jamais inculpé.

Delon s’engagea pour la cause animale, soutint la SPA, la Fondation Brigitte Bardot et l’association 30 Millions d’Amis. Il prêta son image à des campagnes de sensibilisation, fit don d’objets personnels lors de ventes aux enchères pour financer des refuges et participa à des galas en faveur d’hôpitaux et de la recherche médicale.

Décès

Alain Delon est décédé le 18 août 2024 à son domicile de Douchy-Montcorbon, dans le Loiret, à l’âge de 88 ans. L’acteur souffrait depuis plusieurs années d’un lymphome à cellules B, diagnostiqué après un accident vasculaire cérébral survenu en 2019. Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimité familiale, conformément à ses souhaits. Il a été enterré dans le cimetière communal de Douchy-Montcorbon, près de sa résidence.

Filmographie

Au cours de plus de cinquante ans de carrière, Alain Delon a tourné dans plus de 90 films pour le cinéma et la télévision. Son parcours couvre des polars, des drames et des œuvres d’auteur devenues des classiques. La sélection ci-dessous présente une vingtaine de ses films les plus marquants, ceux qui ont fait de lui une légende.

Production et réalisation

Alain Delon a commencé sa carrière de producteur au début des années 1970 en créant Adel Productions, afin de contrôler le choix des scénarios et la distribution de ses films. Au total, il a produit plus d’une dizaine de longs-métrages et en a réalisé deux. Son premier film comme réalisateur, Pour la peau d’un flic (1981), a été un succès au box-office avec plus d’1,5 million d’entrées. En 1983, il signe Le Battant, où il incarne un ancien braqueur cherchant à se venger, film apprécié pour son atmosphère sombre et son rythme tendu. Comme producteur, il finance Borsalino (1970), devenu un phénomène culturel et l’un des plus gros succès de la décennie. Il coproduit aussi Mort d’un pourri (1977), salué pour son scénario politique et sa distribution prestigieuse.

Récompenses

Au cours de sa carrière, Alain Delon a été distingué pour ses performances d’acteur par plusieurs prix prestigieux.

• 1977 – David di Donatello du meilleur acteur pour Monsieur Klein
• 1984 – César du meilleur acteur pour Notre histoire
• 1995 – César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière
• 1995 – Ours d’or d’honneur au Festival de Berlin
• 2019 – Palme d’honneur au Festival de Cannes

En plus de ces distinctions purement cinématographiques, Alain Delon a été élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur et de commandeur de l’Ordre national du Mérite. Il a également reçu des décorations internationales et honorifiques, confirmant son statut d’icône culturelle. En 2024, l’Ukraine lui a décerné l’Ordre du Mérite pour son soutien public au pays pendant la guerre. Ces distinctions témoignent de l’impact de Delon au-delà du cinéma, dans la société et la culture.

Influence

L’influence d’Alain Delon reste forte dans le cinéma mondial. Sa manière de jouer, marquée par le minimalisme et le contrôle des émotions, continue d’inspirer les acteurs qui incarnent des personnages complexes et silencieux. Son interprétation dans Le Samouraï a défini l’archétype du tueur mélancolique, repris par de nombreux réalisateurs de polars.

Des cinéastes comme Jean-Pierre Melville et Luchino Visconti avaient reconnu publiquement la précision de son jeu et son engagement sur les tournages. Aujourd’hui encore, ses films sont étudiés dans les écoles de cinéma, et des acteurs comme Vincent Cassel citent Delon comme une référence majeure pour la construction de rôles psychologiquement profonds.

Conclusion

Alain Delon est considéré comme l’une des figures majeures de l’histoire du cinéma. Son charisme, ses choix artistiques exigeants et sa capacité à incarner des personnages inoubliables font qu’il demeure une figure incontournable du septième art. Son œuvre a contribué à populariser le cinéma d’auteur et à redéfinir le polar français. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer le cinéma européen sans l’empreinte qu’il a laissée, tant ses rôles continuent d’inspirer et de fasciner.

Foire Aux Questions