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Le polype utérin : une tumeur le plus souvent bégnine

Le polype utérin est une excroissance qui se développe dans l’endomètre. Majoritairement bénigne, cette tumeur se manifeste par des saignements en dehors des règles ou après la ménopause. Un traitement chirurgical simple et rapide existe.

par Dr Mathieu Luyckx

Sommaire
Vue microscopique de l’endomètre, tissu où se développe le polype utérin.

Qu’est-ce qu’un polype utérin ?

Un polype utérin est une excroissance qui se développe dans l’endomètre. Cette tumeur fréquente et majoritairement bénigne peut être unique ou multiple. Le plus souvent diagnostiqué chez les femmes ménopausées, le polype se développe plus rarement chez les femmes non ménopausées.

Schéma anatomique de l’utérus et des organes reproducteurs, localisation du polype utérin.

Les symptômes

Dans la majorité des cas, la présence d’un polype utérin ne cause pas de symptômes. Toutefois, un signe ne trompe pas : les saignements. Si vous êtes ménopausée et que vous remarquez des pertes de sang, n’hésitez pas à consulter votre gynécologue. De même, si vous n’êtes pas ménopausée, un saignement entre les règles (appelé aussi métrorragie) peut parfois être le signe d’un polype utérin : consultez !

Illustration représentant les saignements anormaux causés par le polype utérin.

Les causes

Chez une femme ménopausée, un polype est dû à une élévation inhabituelle du niveau d’œstrogènes entraînant une stimulation de l’endomètre. En effet, malgré la ménopause, des œstrogènes (hormones stimulant l'endomètre) peuvent quand même être présents, booster la croissance endométriale, et entraîner, entre autres, l'apparition de polypes. Cette surproduction d’œstrogènes peut provenir de deux sources :

  • Externe : via un traitement hormonal substitutif (THS) mal équilibré. Si le traitement ne compense pas suffisamment la production d’œstrogènes par de la progestérone, l’endomètre continue à croître.
  • Endogène : les patientes obèses produisent davantage d’œstrogènes, favorisant l’apparition de polypes utérins.

Chez les femmes non-ménopausées, les causes restent à ce jour inconnues, mais l’apparition d’un polype est toujours liée à l’élévation du niveau d’œstrogènes.

Des facteurs de risque

Comme évoqué à l’instant, chez la femme ménopausée, l'obésité et plus largement le syndrome métabolique (hypertension, diabète, hypercholestérolémie...) peuvent entraîner une surproduction d'œstrogènes. Des polypes et de l’hyperplasie endométriale (développement anormal de l’endomètre) peuvent apparaître dans ces cas-là.

La prise d’un médicament anti-hormonal dans le traitement du cancer du sein (tamoxifène) augmente également les chances de développer un polype utérin et/ou des anomalies endométriales. Ce n'est pas pour autant une raison de ne pas prescrire ce traitement, qui nécessite simplement de bien surveiller l'endomètre chez ces patientes.

Chez les femmes non ménopausées, le syndrome métabolique et l'obésité peuvent aussi favoriser l'apparition de polypes.

Comment le diagnostiquer ?

En cas de saignement en dehors des règles ou après la ménopause, votre gynécologue réalisera d’abord une échographie pelvienne pour établir le diagnostic qu’il confirmera ensuite via une hystéroscopie diagnostique de consultation. Cet examen qui permet de visualiser directement l’intérieur de l’utérus offre la possibilité au médecin de mesurer avec exactitude la présence ou non du ou des polype(s) (l'échographie présente beaucoup de faux positifs) et de préciser la taille, le nombre et l'aspect du ou des polype(s). Un polype peut mesurer quelques centimètres ou occuper toute la cavité utérine.

L'hystéroscopie permet aussi, dans certains cas, de le ou les enlever directement et/ou de réaliser une biopsie de l'endomètre.

Quelle différence entre fibrome et polype ?

En apparence, ces deux tumeurs bénignes qui apparaissent à l’intérieur de l’utérus se ressemblent. Pourtant, elles se distinguent sur quelques points :

  • Leur composition : le fibrome est composé de tissus musculaires du myomètre (couche intermédiaire la plus épaisse de la paroi utérine, située entre l’endomètre et la séreuse utérine). Le polype est composé de tissu endométrial.
  • Leur taille : le fibrome peut atteindre la taille d’un melon tandis qu’un polype ne dépasse jamais quelques centimètres.
  • Leur capacité de résorption : le fibrome ne peut pas se résorber. Le polype peut disparaître.
  • Leur impact sur l’utérus : le fibrome peut déformer l’utérus. Le polype ne déforme pas l’utérus.

De rares complications

La majorité des polypes diagnostiqués sont bénins. Mais il arrive que certains d’entre eux (moins de 5%) évoluent en cancer de l’endomètre, le cancer gynécologique pelvien le plus fréquent mais avec le meilleur pronostic. La transformation d'un polype en cancer de l'endomètre se déroule majoritairement après la ménopause, faisant du cancer de l'endomètre un cancer de la femme âgée.

D'autre part, les polypes utérins peuvent aussi être une cause d’infertilité car ils empêchent la nidation de l’embryon, ou être cause de fausse couche (effet « stérilet » par un corps étranger dans la cavité utérine). C’est pourquoi, dans un contexte de reproduction, le gynécologue enlève systématiquement l’excroissance. Toutefois, l’infertilité n’est absolument pas automatique puisque certaines patientes avec des polypes parviennent à tomber enceintes.

 Malgré son ablation, un polype peut toujours récidiver. Consultez régulièrement votre gynécologue pour suivre son évolution. Chez une femme qui a accompli son désir de maternité, l’ablation de la totalité de la muqueuse utérine est souvent proposée. Elle est réalisée systématiquement chez les femmes ménopausées.  

Illustration symbolisant l’ablation chirurgicale du polype utérin.

Les traitements

Le principal traitement du polype utérin est l’ablation chirurgicale par hystéroscopie opératoire. À l’aide d’une mini-caméra et de micro-instruments (petits ciseaux), le gynécologue coupe le polype et l’enlève. Aujourd’hui, ce genre d’acte chirurgical est réalisé sous anesthésie locale ou sans anesthésie, et peut avoir lieu lors d’une simple consultation ou en ambulatoire. Dans certains cas (gros polypes, polypes nombreux, mauvaise tolérance de la patiente...), l'intervention doit se réaliser sous une légère anesthésie en hôpital de jour. Après l’opération, l’ensemble des éléments enlevés est analysé en laboratoire afin de s’assurer qu’il s’agit bien de polypes bénins.

Aux femmes ménopausées qui présentent plus d’un polype, le médecin propose l’ablation de toute la muqueuse endométriale (endomètrectomie) afin de diminuer le risque de récidive et de cancer de l'endomètre.