Art de vivre

La péridurale : la solution efficace pour un accouchement sans douleur

Signes annonciateurs de l’accouchement, les contractions, de plus en plus fortes et rĂ©pĂ©tĂ©es, sont souvent perçues comme une Ă©preuve interminable, voire insurmontable. Face Ă  cette douleur intense, les femmes enceintes peuvent alors dĂ©cider de se tourner vers la pĂ©ridurale. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Quand est-elle indiquĂ©e ? Comporte-t-elle des risques ?

par Dr Gautier Vandenbossche

Sommaire
Injection d'une anesthésie péridurale pour une femme enceinte.

Définition

La pĂ©ridurale, ou Ă©pidurale, est une technique d’anesthĂ©sie locorĂ©gionale principalement utilisĂ©e lors de l’accouchement pour attĂ©nuer, voire supprimer, la douleur.

TrĂšs efficace, cette mĂ©thode engourdit les nerfs et dĂ©sensibilise temporairement la zone du corps oĂč elle est pratiquĂ©e.
De cette maniĂšre, les contractions sont ressenties comme de lĂ©gĂšres pressions au niveau de l’abdomen.

DĂ©veloppĂ©e au dĂ©but de XXe siĂšcle, l’épidurale est, aujourd’hui, trĂšs rĂ©pandue.

Elle est d’ailleurs utilisĂ©e pour d’autres types d’interventions chirurgicales, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, dans les rĂ©gions cervicales, dorsales, lombaires ou sacrĂ©es.

Procédure

Le médecin anesthésiste décide, en accord avec la patiente, de pratiquer la péridurale lorsque les contractions sont trÚs douloureuses, rapprochées et que le travail a débuté. Sa mise en place est appréciée au cas par cas.

AprĂšs l’avoir allongĂ©e sur le cĂŽtĂ© ou l’avoir assise sur le rebord du lit, le mĂ©decin anesthĂ©siste applique un dĂ©sinfectant et un anesthĂ©sique local dans le bas du dos, au niveau des vertĂšbres lombaires. Il peut alors placer une aiguille stĂ©rile de guidage entre la 3e et la 4e vertĂšbre lombaire habituellement afin de poser un cathĂ©ter (petit tuyau souple) puis la retire. Le cathĂ©ter, quant Ă  lui, reste durant tout l’accouchement pour permettre un passage rĂ©gulier de l’analgĂ©sique.

La pose de la péridurale

Le produit ainsi injectĂ© va imprĂ©gner les racines nerveuses pour bloquer les douleurs transmises par l’utĂ©rus. En gĂ©nĂ©ral, il agit au bout de 10 minutes, mais il faut entre 20 et 30 minutes pour calmer rĂ©ellement les sensations douloureuses.

Deux techniques sont possibles lors d’un accouchement avec pĂ©ridurale :

  1. Injection d’une dose unique d’un anesthĂ©sique qui agit plus longtemps
  2. Mise en place du cathéter pour des injections de maniÚre continue sans avoir recours à de nouvelles piqures. Cette option est la plus courante.

GrĂące Ă  cette seconde technique, la future maman bĂ©nĂ©ficie d’un dispositif de pompe sur lequel elle appuie, quand elle le dĂ©sire, pour dĂ©livrer un peu du produit. De cette maniĂšre, l’anesthĂ©sie est mieux contrĂŽlĂ©e et elle ressent davantage le passage de son bĂ©bĂ©. Ce dispositif est habituellement muni d’un systĂšme de sĂ©curitĂ© empĂȘchant un surdosage du produit dĂ©livrĂ©.

AprĂšs l’accouchement, le cathĂ©ter est retirĂ© et les effets de la pĂ©ridurale s’estompent dans les heures qui suivent pour finalement complĂštement disparaĂźtre.

Cette technique d’anesthĂ©sie ne comporte pas plus de risque pour le bĂ©bĂ© qu’un accouchement sans pĂ©ridurale.

Les indications et contre-indications

L’anesthĂ©sie pĂ©ridurale est indiquĂ©e pour les cas suivants :

  • Pour des opĂ©rations gynĂ©cologiques : pour un accouchement sans douleurs par voies naturelles, notamment pour les cas difficiles (prĂ©sentation par le siĂšge, jumeaux
) et aussi pour les cĂ©sariennes (comme il n’y a pas d’effets de somnolence, la future maman peut assister Ă  la naissance de son bĂ©bĂ©) ;
  • Pour les opĂ©rations touchant les voies urinaires ou les membres infĂ©rieurs ;
  • Plus rarement, pour les opĂ©rations des voies digestives.

Les péridurales cervicales et dorsales, quant à elles, conviennent pour les opérations de la thyroïde, des organes oto-rhino-laryngologies, des artÚres carotides et du sein.

Au contraire, elles sont absolument contre-indiquées en cas de :

  • Troubles de la coagulation et prise de mĂ©dicaments anticoagulants
  • HypovolĂ©mie (baisse du volume du sang)
  • HĂ©morragie

D’autres situations sont vivement dĂ©conseillĂ©es :

  • FiĂšvre ou tout autre Ă©tat infectieux
  • Malformation de la colonne vertĂ©brale
  • Maladies cardiaques
  • Infection de la peau au niveau du dos
  • Travail dĂ©jĂ  trop avancĂ©

Risques et effets secondaires

Le principal inconvĂ©nient reconnu Ă  l’accouchement sous pĂ©ridurale dĂ©coule de son objectif : en sentant moins les contractions, les femmes enceintes sont parfois un peu moins rĂ©actives et ne poussent pas de la maniĂšre la plus efficace.

Dans certains cas, en diminuant cette capacitĂ© Ă  pousser, cette technique d’anesthĂ©sie augmente le recours aux forceps ou Ă  la ventouse.

Cependant, les risques, à proprement parlé, liés à cette intervention médicale restent anecdotiques. En effet, comme toutes les procédures en hÎpital, une infection nosocomiale pourrait se produire, mais les cas recensés sont rarissimes.

Quant aux effets secondaires, on peut attribuer Ă  l’épidurale les effets suivants :

  • DĂ©mangeaisons, fourmillements
  • Sensation de chaleur dans le bas du corps
  • Maux de tĂȘte (12 Ă  24 heures aprĂšs l’injection)
  • Maux de dos dans les jours qui suivent
  • RĂ©action allergique
  • Baisse de la pression artĂ©rielle
  • RĂ©tention d’urine transitoire
  • DifficultĂ© Ă  bouger les jambes

Alternatives pour un accouchement sans péridurale

Bien que l’efficacitĂ© de la pĂ©ridurale n’est plus Ă  dĂ©montrer, certaines femmes enceintes ne souhaitent pas la pratiquer.

C’est pourquoi d’autres alternatives ont Ă©tĂ© pensĂ©es pour soulager au mieux leurs douleurs. Par exemple, la marche, les massages du dos, les mouvements sur une balle de gymnastique, les techniques de respirations, l’acupuncture ou encore les stimulations nerveuses sont des solutions qui peuvent les apaiser.

La derniĂšre nouveautĂ© : le gaz hilarant, appelĂ© mĂ©opa. ComposĂ© de 50% d’oxygĂšne et 50% de protoxyde d’azote, et donc inoffensif, ce mĂ©lange permet de rĂ©duire significativement la douleur ressentie par les femmes pendant leur accouchement, grĂące Ă  l’état de dĂ©tente qu’il occasionne. Bien que ce procĂ©dĂ© semble insolite, il est souvent pratiquĂ© en SuĂšde, en NorvĂšge, au Royaume-Uni et au Canada. Il est Ă©galement utilisĂ© dans certains centres belges. L’origine de la mĂ©thode remonterait aux annĂ©es 50, avant l’apparition de la pĂ©ridurale.

Il est cependant important d’insister sur le fait que l’efficacitĂ© de ces diffĂ©rentes techniques n’a pas encore pu ĂȘtre prouvĂ©e scientifiquement. La pĂ©ridurale reste donc la solution la plus adaptĂ©e pour un accouchement sans douleur.