Art de vivre

Fuites urinaires : les comprendre et les traiter

L’incontinence urinaire est un problème fréquent : 25 à 45 % des femmes en souffrent à un moment donné de leur vie. Ce trouble reste toutefois extrêmement tabou et beaucoup n’osent pas en parler à leur médecin. Pourtant, des solutions existent !

par Dr Mohamad-Fadi Dalati

Sommaire
Femme tenant son bas-ventre avec les mains, exprimant une gêne ou une douleur.

Des reins jusqu’à l’urètre…

L’urine est produite dans les reins et transite par deux conduits, appelés uretères, jusqu’à la vessie, un organe situé dans le bassin. Lorsque celle-ci est pleine, l’envie d’uriner se fait ressentir.

En temps normal, nous parvenons à retenir l’urine durant un certain temps. C’est le sphincter, un muscle circulaire situé à la sortie de la vessie et entourant l’urètre, qui permet de contrôler le phénomène de miction. Il fonctionne comme un clapet : lorsqu’il est contracté, il retient l’urine et lorsqu’il est relâché, il la laisse s’écouler. Un autre groupe de muscles situé dans le bassin, le plancher pelvien, participe également à la continence en soutenant le sphincter et en aidant à sa bonne ouverture/fermeture.

La vessie en chiffres

La vessie d’un adulte mesure 6 cm de long et 5 cm de large lorsqu’elle est vide. Quand elle est pleine, ses dimensions peuvent doubler. La capacité moyenne de la vessie varie entre 300 et 400 ml. Une personne émet entre 0,5 et 2 litres d’urine par jour.

Les différents types d’incontinence urinaire

L’incontinence urinaire se définit comme une perte incontrôlable et involontaire d’urine. Elle n’est donc pas synonyme d’un besoin fréquent d’uriner, mais bien d’une incapacité à se retenir. Il en existe plusieurs formes :

1. L’incontinence d’effort, qui se caractérise par une fuite involontaire d’urine quand la pression abdominale augmente lors d’un effort. Par exemple, quand vous soulevez une charge, vous toussez, vous courez, vous éclatez de rire, vous éternuez…

2. L’incontinence d’urgence, aussi appelée hyperactivité vésicale. Ce trouble se manifeste par des contractions involontaires et intempestives de la vessie alors que celle-ci n’est pas remplie. Elle entraîne des envies soudaines et impérieuses d’uriner, fréquentes au cours de la journée. L’urgence est parfois telle que la personne n’a pas le temps de se rendre aux toilettes… provoquant alors des fuites.

Certaines personnes souffrent simultanément de ces deux types d’incontinence. On parle dans ce cas d’incontinence mixte.

Non traitée, l’incontinence urinaire entraîne souvent un repli sur soi et met en péril la vie sociale.

Dr Fadi Dalati, urologue au CHU St-Pierre

Incontinence d’effort : causes et solutions

L’incontinence d’effort peut être causée par un affaiblissement des muscles du plancher pelvien suite à une ou plusieurs grossesse(s), au(x) accouchement(s), en raison de la ménopause ou du vieillissement. Un déficit du sphincter entraîne aussi ce type de fuites.

Heureusement, l’incontinence d’effort n’est pas incurable !
De nos jours, il existe de nombreux traitements pour en venir à bout :

  1. Grâce à la rééducation du périnée par des exercices de kinésithérapie.
  2. Lorsque la kiné ne suffit pas, la pose chirurgicale d’une bandelette permet de soutenir l’urètre en cas d’effort et améliore sa fermeture.
  3. Si l’incontinence d’effort est causée par un déficit sphinctérien, la mise en place d’un sphincter urinaire artificiel est généralement proposée.

Les origines et les traitements de l’incontinence d’urgence

L’incontinence d’urgence, quant à elle, peut avoir comme origine une irritation de la paroi urinaire suite à une inflammation locale, une infection urinaire. Une tumeur peut également en être la cause. Autre origine : un trouble neurologique (maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques…), qui perturbe la circulation de l’influx nerveux entre le cerveau et la vessie.

Les traitements de l’incontinence d’urgence sont multiples :

  1. La kinésithérapie comportementale, qui vise à apprendre à la patiente à « éduquer » sa vessie pour se retenir plus longtemps.
  2. La kinésithérapie.
  3. La prise de médicaments anticholinergiques qui calment les contractions de la vessie.
  4. La neuromodulation, qui empêche la miction « réflexe » en stimulant par un faible courant électrique une racine nerveuse située au niveau du sacrum.
  5. L’injection de toxine botulique dans la paroi de la vessie pour détendre le muscle vésical.